Réunis au Caire à l'invite du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, les dirigeants des 22 pays de la Ligue arabe ont tenu, mardi dernier, un sommet extraordinaire au cours duquel ils ont adopté un plan pour la reconstruction du territoire palestinien de Ghaza. Le plan comporte le retour de l'Autorité palestinienne dans le territoire ravagé par une agression sioniste génocidaire qui a duré plus de 15 mois et fait des dizaines de milliers de martyrs. Ils ont appelé à l'unification des rangs palestiniens sous l'égide de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et rejeté les «tentatives odieuses» de déplacement forcé de la population de Ghaza. Soutenu par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, le plan arabe a été aussitôt rejeté par l'administration américaine qui le taxe d' «imparfait». «La proposition actuelle ne tient pas compte de la réalité que Ghaza est actuellement inhabitable», a déclaré Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, dans un communiqué. La réunion du Caire faisait suite à celle de Riyadh, fin février, lorsque l'Arabie saoudite et quatre autres Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ainsi que l'Egypte et la Jordanie ont entériné le plan égyptien, soumis mardi à l'approbation des autres pays membres de la Ligue arabe. Etaient présents au Caire, outre le président al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, l'émir du Qatar, Hamad Ben Tamim Al Thani, le roi de Bahreïn, Hamad Bin Issa Al Khalifa, le président irakien, Abdul Latif Rashid, le prince héritier Sabah Al Khaled Al Sabah, le président mauritanien, Mohamed al-Ghazouani, le président libanais, Joseph Aoun et le président syrien, Ahmad al-Chareh. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président tunisien Kaïs Saïed étaient représentés par les ministres des Affaires étrangères, de même que le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane par le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal Bin Ferhane. Le plan table sur un fonds de 53 milliards de dollars, proche des 54 milliards de l'ONU, dans le but de maintenir les 2,4 millions de Palestiniens dans leur territoire, au contraire du plan de Donald Trump, applaudi par les dirigeants sionistes, visant à transformer Ghaza en une «Riviera du Moyen-Orient»... Le Caire suggère la création d'un fonds, supervisé au niveau international pour en garantir la transparence et l'efficacité nécessaires, et il envisage la tenue d'une conférence ministérielle de haut niveau des pays donateurs, en sus des institutions financières mondiales et régionales, du secteur privé et de la société civile. La 1re phase visera à reloger 1,5 million de réfugiés dans des abris temporaires au niveau de 7 sites, avec le déblaiement des débris, l'enlèvement des mines et engins non explosés. La phase de reconstruction est prévue en deux étapes, sur une période de quatre ans et demi. La première étape ira jusqu'en 2027 et nécessitera un budget de 20 milliards de dollars, pour la reconstruction des infrastructures essentielles, telles que les routes, les réseaux de distribution et les installations de services publics. Elle comprendra la construction de 200 000 unités de logements permanents, pour 1,6 million de personnes, et l'aménagement de 810 000 hectares de terres cultivables. La seconde étape, étalée jusqu'en 2030, devrait coûter 30 milliards de dollars. Son objectif sera de concrétiser les projets d'infrastructures, des zones industrielles, un port de pêche, un port commercial et un aéroport. Le plan confie l'administration de Ghaza à un comité de technocrates indépendants et de personnalités non partisanes, durant une période transitoire de six mois, puis l'Autorité palestinienne en reprendra le contrôle. L'Egypte et la Jordanie auront pour mission de former les nouvelles forces de sécurité palestiniennes indispensables au maintien de l'ordre. Il prévoit aussi une force internationale de maintien de la paix, moyennant une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Ainsi, l'Egypte qui est à la source de ce plan arabe de reconstruction sera-t-elle l'instrument majeur de sa mise en oeuvre, compte tenu de sa proximité avec l'enclave et des moyens dont disposent ses grandes entreprises civiles et militaires, déjà prêtes à engager l'effort nécessaire pour déblayer les montagnes de débris et préparer les conditions matérielles pour soulager les immenses douleurs de la population palestinienne martyrisée par l'agression sioniste.