Baroud d'honneur. Après avoir aligné quatre séances consécutives de baisse et plongé sous la barre symbolique des 70 dollars, les cours de l'or noir ont fini par la refranchir pour terminer la semaine à la hausse. Une tempête dont les premiers signes d'accalmie se sont fait attendre pour faire leur apparition. Le baril a, en effet, mis du temps à se remettre de la décision des huit pays membres de l'Opep+ qui ont procédé à des coupes supplémentaires volontaires de leur production de procéder à un retour progressif de leur offre à partir du 1er avril 2025. Les cours de l'or noir ont, en effet, poursuivi leur dégringolade dès la première journée de cotation de la semaine passée, le 3 mars après que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) aient confirmé le calendrier de leur plan d'augmentation progressive de leur production. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a lâché 2,13% à 71,62 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate pour livraison en avril, a perdu1,99% à 68,37 dollars. « Compte tenu des fondamentaux sains et des perspectives positives du marché», les membres de l'OPEP+ «ont réaffirmé leur décision, convenue le 5 décembre 2024, de procéder à un retour progressif et flexible des ajustements volontaires de 2,2 millions de barils quotidiens à partir du 1er avril 2025», a écrit lundi dans un communiqué l'Opep. « C'est une nouvelle importante et une surprise intéressante », alors que les cours de l'or noir étaient déjà jugés faibles par les producteurs, a souligné Robert Yawger, de Mizuho USA Le retour des barils des «8» sur le marché est vu incontestablement d'un mauvais oeil par les prix de l'or noir. « Nous nous attendons à ce que le Brent passe sous la barre des 70 dollars si l'Opep+ ne change pas rapidement de cap », affirment les analystes Helge André Martinsen et Tobias Ingebrigtsen de DNB. Et ils ont vu juste. Après une seconde séance calamiteuse, le mardi, les cours de l'or noir ont décroché mercredi, lestés par l'annonce de stocks américains en hausse. Ce qui a renforcé les craintes sur la demande alors que les opérateurs étaient encore secoués par l'annonce du retour prochain sur le marché des barils de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+). Le baril de Brent de la mer du Nord s'est déprécié de 2,45% à 69,30 dollars, après avoir atteint en séance son plus bas depuis décembre 2021. Le baril de West Texas Intermediate a reflué de 2,86% à 66,31 dollars. La publication mercredi par l'Agence américaine sur l'énergie (EIA) de réserves de pétrole brut en hausse sur la semaine achevée le 28 février «a contribué au sentiment baissier du marché », a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Les stocks de brut ont progressé de 3,6 millions de barils, alors que les analystes tablaient sur une hausse de 800.000, d'après la médiane d'un consensus établi par l'agence Bloomberg. Le plan de l'Opep+ prévoit de son côté le retour de 120.000 barils quotidiens supplémentaires par mois pendant 18 mois, auxquels il faut additionner une dérogation spéciale accordée par le cartel aux Emirats arabes unis. En avril, le groupe ajoutera donc 138.000 barils quotidiens sur le marché. Si le plan est maintenu, le Brent devrait évoluer dans une fourchette comprise entre 60 et 70 dollars et l'offre excédentaire pourrait s'accumuler, indiquent les analystes de DNB. « Le marché a l'impression d'être déjà plus que suffisamment approvisionné en pétrole et si les membres de l'Opep+ brossent un tableau plus optimiste, le marché n'est pas d'accord avec eux pour le moment », explique Andy Lipow. Il faudra attendre vendredi pour voir la « saignée » s'arrêter. Les prix du pétrole ont enfin progressé, boostés par la possibilité d'un renforcement des sanctions américaines contre Moscou et Téhéran, et profitant d'un rebond technique après de nombreuses séances en baisse. Le Brent de la mer du Nord a pris 1,30% pour clôturer à 70,36 dollars. Le WTI a augmenté de 1,03% à 67,04 dollars. Un rebond durable ou juste un feu de paille ? Ce rebond technique pourrait être de courte durée, a estimé Stephen Schork, de The Schork Group. Le Brent pourrait retourner sous les 70 dollars dès demain. Wait and see…