Le pétrole était-il à la fête en ces jours de l'Aïd el Kébir? Presque pourrait-on dire. Les cours de l'or noir qui avaient, en effet, fortement progressé le 28 juin ont vu leur élan perdre sérieusement de sa vigueur pour ne progresser que modestement le 29 juin. Le baril de la mer du Nord pour livraison en août avait gagné 2,44% pour clore la séance de mercredi à 74,03 dollars, alors que son équivalent américain le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, a grimpé de 2,74% à 69,56 dollars. À quoi était dû ce retour de flamme? Les réserves commerciales de brut des Etats-Unis ont fondu de 9,6 millions de barils, selon les chiffres publiés le 28 juin par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Un chiffre qui dépasse de très loin celui sur lequel tablaient les analystes qui misaient sur une diminution moyenne de 1,5 million de barils. Le gouvernement américain a, en outre, encore puisé 1,4 million de barils dans les réserves stratégiques de pétrole (SPR), qui s'élèvent à 348,6 millions de barils, indiquait-on. Suffisant pour provoquer l'étincelle. «Entre le déclin des stocks commerciaux et celui des réserves stratégiques, ce sont 11 millions de barils qui ont été utilisés, associés à une très bonne demande d'essence, ces dernières deux semaines, ce qui aide les cours à la hausse», a souligné Andy Lipow, analyste de Lipow Oil Associates. Ce qui a pu donc requinquer des cours de l'or noir en difficulté depuis le mois de mai pris en étau entre les inquiétudes qui entourent la demande mondiale et les banques centrales à travers le monde qui ont décidé de relever leurs taux pour contenir l'inflation. Le recul des stocks américains représente dans ce contexte un bol d'oxygène pour les prix. «Des inquiétudes sur les hausses des taux, mais des réserves qui reculent. Cette dernière information ainsi que les actions de l'Opep», qui limite sa production pour requinquer les prix, pourrait créer un plancher pour les prix, a estimé Neil Wilson, analyste chez Finalto. Il faut rappeler que l'Arabie saoudite avait décidé, le 4 juin dernier, de retirer 1 million de barils par jour en juillet épaulée par d'autres membres de l'alliance (Opep+) qui ont annoncé de poursuivre leurs coupes volontaires jusqu'à la fin de l'année 2024. L'Algérie, à titre d'exemple, de 48 000 barils par jour. La Russie, elle, a décidé de prolonger jusqu'à fin décembre 2024 son programme de réduction de sa production de pétrole de 500 000 bpj, avait déclaré son vice-Premier ministre Alexandre Novak. Il faut savoir que l'Opep+ avait décidé de baisser sa production de 2 millions de barils par jour en octobre 2022 avant de récidiver le 3 avril avec une coupe supplémentaire de 1,6 million de barils par jour jusqu'à la fin de 2023. L'«électrochoc» ne s'est pas produit. Les cours de l'or noir continuent de souffler le chaud et le froid. Preuve en est. Après avoir nettement avancé le 28 juin, ils se sont à nouveau essoufflés le lendemain pour finir sur une modeste hausse dans la foulée d'une révision à la hausse de la croissance américaine au premier trimestre. 0,41% pour le baril de Brent et 0,43% pour le baril de West Texas Intermediate. Les prix du pétrole continuaient de progresser sur le même rythme, hier. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, dont c'est le dernier jour de cotation, avançait de 16 cents, hier, à 13h00 pour s'échanger à 74,50 dollars. Son équivalent américain grappillait pour sa part 0,04 dollar à 69,90 dollars. «Il semblerait que le marché a envie de croire que le pire est derrière lui», et que l'économie mondiale va mieux résister que prévu, relevait Tamas Varga, analyste chez PVM, qui a noté que le PIB américain pour le premier trimestre a été revu à la hausse jeudi. L'horizon s'est-il dégagé pour le baril? C'est encore trop tôt pour l'affirmer...