«Je pense que venir dire que la colonisation a été un drame pour l'Algérie, ça n'est pas vrai», a affirmé Marine Le Ppen pasionaria de l'extrême droite française, porte-voix des nostalgiques de l'Algérie française, des racistes et des xénophobes. Le film Algérie, sections armes spéciales diffusé par la radiotélévision suisse, hier, tombe à point nommé pour tordre le coup à ce mensonge éhonté de cette falsificatrice de l'histoire, digne héritière de son paternel Jean- Marie adepte de la torture et de la gégène pendant la guerre d'Algérie. La France ne s'est pas limitée qu'à ce genre de pratique durant les 132 années de colonisation du pays. Cela on le sait: les enfumades, les assassinats de sang-froid, les disparitions forcées ont été monnaie courante. Ce qui est moins connu ou carrément méconnu c'est que la France a utilisé des armes de destruction massive. Un déni dans lequel elle s'est murée sans doute pour ne pas écorner cette image idyllique, tronquée, de patrie des droits de l'homme, de nation civilisatrice. Rien de tout cela. Le voile vient d'être levé. La France a été foncièrement barbare, elle a procédé avec une sauvagerie sans égal pour garder dans son giron l'Algérie, pour annihiler ses velléités d'indépendance, pour tenter de mâter une révolution qui finira par la mettre au pas. «La France a utilisé des armes chimiques, interdites par le Protocole de Genève de 1925, dans sa guerre contre l'Algérie, de 1954 à 1959, révèle le documentaire qui sera rediffusé le 16 mars. La France avait pourtant été la première des 135 nations à signer l'accord contre ces armes, abondamment utilisées pendant la Première Guerre mondiale. Pour en faire la démonstration, la réalisatrice du film, Claire Billet, s'est appuyée sur les souvenirs et les archives personnelles de soldats français et de combattants ou de civils algériens et les travaux de l'historien Christophe Lafaye qui a fait de cette facette de la France coloniale un sujet de recherche, de mémoire d'habilitation. Plusieurs documents qui décrivent comment la décision politique a été prise, en mars 1956, comme en atteste un courrier du commandant supérieur interarmées de la 10e région militaire (qui couvre l'Algérie) au secrétaire d'Etat aux Forces armées (terre), Maurice Bourgès-Maunoury, intitulé: «Utilisation de moyens chimiques», ont été exhumés par Christophe Lafaye également officier de réserve, docteur en histoire, chercheur à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem), et lauréat du Prix d'histoire militaire 2014, malgré d'innombrables entraves. «Le colonel des armes spéciales m'a rendu visite. Il m'a annoncé qu'il avait obtenu votre accord de principe relatif à l'utilisation des moyens chimiques en Algérie», stipule le document. Les preuves s'accumulent. En septembre 1956, le compte-rendu d'une réunion tenue à l'état-major des Armées produit «une étude de politique générale d'emploi des armes chimiques en Algérie». À quelle Fin? Le but était d'infecter les grottes où se réfugient les «insurgés» qualifiés de «hors- la- loi» à l'époque, faire prisonniers ou tuer leurs occupants. Les produits sont prélevés dans les stocks de la Grande Guerre. Il s'agit de CN2D, conditionné dans des grenades et dans des pots: un dérivé arsénié (Adamsite ou DM) combiné à de la chloroacétophénone (CN) très toxique. Le film donne aussi la parole à des survivants algériens de la grotte de Ghar Ouchettouh, dans les Aurès, gazée le 22 mars 1959 avec près de 150 villageois à l'intérieur. 8 000 à 10 000 gazages ont été conduits pendant toute la guerre, affirme Christophe Lafaye qui en a documenté 440, qu'il a fixés sur une carte. L'inventaire est cependant loin d'être terminé. Le film de Claire billet qui intervient moins de deux mois avant la commémoration des massacres du 8 mai 1945. Un autre Oradour-Sur-Glane qui doit rappeler à la France officielle, à ceux qui rêvent encore de l'Algérie française de se regarder bien en face...