19 mars 1962-19 mars 2025. 63 ans ont passé depuis que Krim Belkacem a apposé son paraphe au bas du document qui allait acter l'indépendance de l'Algérie: les accords d'Evian. L'Algérie s'apprête à célébrer cet évènement dans une conjoncture particulière: Une «brouille» inédite avec son ex-colonisateur depuis son accès à l'indépendance. Peu importe, cela donne aujourd'hui une dimension toute particulière à la trajectoire révolutionnaire de cet homme qui aurait eu 103 ans cette année. Krim Belkacem est né le 15 décembre 1922 à Ath Yahia Moussa, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Son nom demeurera étroitement lié aux négociations d'Evian. Il apposera sa signature au bas du parchemin des accords qui en découleront. Ils mettront fin à plus de sept ans d'une guerre féroce, d'une répression sauvage, que le peuple algérien ressentira dans sa chair. Ils signeront de facto la fin du mythe de l'Algérie française, d'un système colonial barbare qui a réduit l'Algérien au rang d'indigène durant plus d'un siècle. Un combat, une trajectoire, un processus, une aventure humaine exaltante qui jalonneront le rare parcours révolutionnaire d'un homme d'exception qui a pris le maquis sept ans avant le déclenchement de la révolution du 1er Novembre 1954 et qu'il accompagnera jusqu'à la signature des accords d'Evian qui ont mis fin à 132 ans de colonisation. Un évènement qui remonte au 19 mars 1962: une date majeure dans la jeune histoire de l'Algérie indépendante. Elle vient nous rappeler le dur combat et le long chemin qui l'ont conduite à l'indépendance. C'est dans ce contexte particulier que l'Algérie célèbrera le 63ème anniversaire des accords d'Evian. Un legs, un héritage précieux, dont le prix n'a d'égal que les sacrifices, le don de soi de femmes et d'hommes, jeunes, sortis à peine de l'adolescence pour bon nombre d'entre eux. Un modèle pour ceux qui ambitionnent, aujourd'hui, de construire cette nouvelle Algérie, celle dont la trajectoire a été détournée plus d'une fois. Le nom de Krim Belkacem demeure à ce titre une référence et reste intimement lié à cette Algérie une et indivisible dont ont rêvé ses compagnons d'armes et lui. Retour sur des tractations qui auront duré près d'une année. Il était question de mettre fin à une colonisation féroce qui a duré plus de 130 ans. Krim est à la tête de la délégation qui va négocier l'indépendance de l'Algérie, secondé par des hommes qui feront briller de mille feux une diplomatie née dans les maquis. Les pourparlers pouvaient commencer. À ce moment-là, personne ne savait que le sort du mythe de l´Algérie française serait définitivement scellé le 18 mars 1962 à l'hôtel du Parc, à Evian-les-Bains (en Haute-Savoie, France). L´homme qui présidait la délégation algérienne est entouré de compagnons de lutte, jeunes et brillants. Krim Belkacem et son équipe, composée de Mohamed Seddik Benyahia, Réda Malek, Tayeb Boulahrouf, Ahmed Boumendjel, Saâd Dahlab, Ahmed Francis, M'hamed Yazid...ne reculeront pas d´un pouce. Krim Belkacem annonce la couleur. Il sera sans concession. Comme à la première heure. Celle où il a décidé de se donner corps et âme pour l'indépendance de cette terre qui l'a vu naître. C'est dans cette lignée que s'inscrit le parcours de Krim Belkacem. Celui d´un homme qui aura tenu le maquis près de 10 ans avant le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954. Né à Draâ El Mizan, il fréquenta l'école Sarrouy à Alger où il décrocha son Certificat d'études primaires. Une performance pour un musulman, à l'époque. Il est animé très tôt d'idées révolutionnaires. Dès 1945, il adhère au Parti du peuple algérien, le PPA. En 1947, il est convaincu que seule la révolution, la lutte armée, peuvent mener à la liberté. Dès lors, il prendra le maquis, où il organise et forme des groupes militaires. Il sera en avance de sept années sur le 1er Novembre 1954. Un chiffre prémonitoire: la guerre de Libération nationale durera sept ans. Il dominera le FLN-ALN en 1958-1959 en tant que ministre des Forces armées. Il sera à la tête du ministère des Affaires étrangères et de celui de l'Intérieur au sein du Gpra, le Gouvernement provisoire de la République algérienne, entre 1960 et 1961. Son nom restera lié intimement à la date du 19 Mars. Pour l'éternité...