La Russie et les Etats-Unis ont commencé, hier, leurs pourparlers en Arabie saoudite pour discuter d'une possible trêve en Ukraine, en proie à une opération militaire spéciale russe depuis trois ans, a rapporté l'agence officielle russe Tass, en citant une source proche des négociations. La délégation russe formée d'un sénateur, ex-diplomate de carrière, Grigori Karassine, et de Sergueï Besseda, un cadre du FSB, les services de sécurité, s'est réunie avec la délégation américaine à l'hôtel Ritz-Carlton à Riyadh, a précisé cette source. Parallèlement, de nouvelles discussions entre Ukrainiens et Américains ont débuté dimanche en Arabie saoudite en vue d'une trêve partielle dans le conflit entre la Russie et le bloc atlantiste, à la veille des pourparlers russo-américains qualifiés d'emblée de «difficiles» par le Kremlin. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé, dans un message sur les réseaux sociaux, à «pousser» son homologue russe Vladimir Poutine «à donner un véritable ordre pour arrêter les frappes». «Celui qui a déclenché cette guerre doit la finir», a-t-il dit. «Il est clair pour tout le monde que la Russie est la seule à faire durer cette guerre» et «sans pressions, ils continueront à Moscou à mépriser la véritable diplomatie et à détruire des vies.» Commentant les pourparlers prévus, hier, entre négociateurs américains et russes à Riyadh, l'émissaire spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, s'est montré optimiste, disant s'attendre à de «vrais progrès». Malgré l'accélération des efforts en vue de rapprocher les vues des belligérants sur les moyens de parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre déclenchée en février 2022, les combats se poursuivent avec des frappes meurtrières en Ukraine et en Russie. Les discussions entre responsables ukrainiens et américains à Riyadh en vue d'une trêve partielle dans la guerre ont été «productives», a déclaré dimanche soir le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, à la tête de la délégation ukrainienne. «Nous avons fini notre réunion avec l'équipe américaine. La discussion a été productive et ciblée. Nous avons abordé des points clés, notamment l'énergie», a-t-il déclaré, à la veille de pourparlers russo-américains, ajoutant que l'Ukraine s'efforçait de concrétiser son objectif d'une «paix juste et durable». Washington et Kiev poussent pour, au minimum, un arrêt provisoire des frappes sur les sites énergétiques, largement endommagés côté ukrainien. L'Ukraine se dit «prête» à un cessez-le-feu «général» et sans conditions. Mais Vladimir Poutine, dont l'armée avance sur le terrain, semble jouer la montre, tant que ses hommes n'ont pas expulsé les troupes ukrainiennes de la région russe frontalière de Koursk. À ce stade, le Kremlin assure s'être uniquement mis d'accord avec Washington sur un moratoire concernant les bombardements des infrastructures énergétiques. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a d'ores et déjà tempéré les attentes autour des discussions d'hier à Riyadh, où la délégation russe est arrivée dimanche selon un média d'Etat russe. «Il s'agit d'un sujet très complexe et il y a beaucoup à faire», a souligné Peskov, estimant que les négociations seraient «difficiles». «Nous n'en sommes qu'au début.» Symbole des divergences, la délégation ukrainienne est emmenée par le ministre de la Défense, tandis que la délégation russe est formée d'un sénateur ex-diplomate de carrière et d'un cadre du FSB, les services de sécurité. Autre différence notable: Dmitri Peskov a affirmé que «le principal» sujet de discussion avec les Américains serait «la reprise» de l'application de l'accord céréalier en mer Noire, omettant de mentionner un éventuel engagement concernant la suspension des combats, limité ou sans conditions. Cet accord, en vigueur entre juillet 2022 et juillet 2023, avait permis à l'Ukraine d'exporter ses céréales, vitales pour l'alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone. La Russie s'en est ensuite retirée, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes de produits agricoles et d'engrais. «Nos négociateurs seront prêts à discuter des nuances autour de ce problème», a déclaré Peskov. Steve Witkoff a affirmé penser que «de vrais progrès» seraient faits avec les Russes, «particulièrement en ce qui concerne un cessez-le-feu en mer Noire sur les navires entre les deux pays». «Et, à partir de cela, on se dirigera naturellement vers un cessez-le-feu total», a dit l'émissaire américain. Le président Donald Trump s'active depuis son retour à la Maison- Blanche pour mettre un terme à la guerre. Il a repris contact avec Vladimir Poutine, rompant avec la politique d'isolement menée par les Occidentaux contre le président russe.