La wilaya de Tizi Ouzou regorge de sites et de lieux historiques très visités. Ils ont même fait l'objet de travaux d'historiens depuis l'Antiquité à nos jours. Sur les hauteurs du Djurdjura avec le village Aït Lqayed inscrit au patrimoine national ou sur le versant littoral avec des sites antiques comme la ville d'Iomnium à Tigzirt. Cependant, on oublie souvent de dire qu'il existe d'autres lieux non moins intéressants, mais qui ne sont nullement connus. Ces lieux, forts nombreux, ont été jeté aux oubliettes bien qu'ils soient d'un grand intérêt à tout point de vue. Il existe non loin des sites historiques connus et reconnus, des lieux et des phénomènes qui peuvent, s'ils font l'objet d'études, éclairer beaucoup de zones d'ombre sur l'histoire et la sociologie de notre pays. Ils sont très nombreux, mais ils ne figurent pas sur la liste des sites inscrits au patrimoine national. Pourtant, ils sont à même de générer autant d'intérêt pour l'industrie touristique locale et nationale. Ces sites historiques oubliés, voire même ignorés, sont une richesse perdue qui aurait pu être exploitée pour donner plus de volume et de profondeur à la recherche historique et à l'activité touristique. La question est valable non seulement pour l'antique Iomnium, mais pour toutes les cités antiques de l'Algérie. Pour l'antique Iomnium, il n'existe pas de travaux historiques, du moins pas nombreux à être connus, sur le sujet. Jusqu'à présent, on évoque souvent les matières ayant servi comme mortier pour construire la ville, ils font l'objet de nombreuses études archéologiques et autres. Une vraie attraction pour les chercheurs On étudie l'architecture et la géométrie des édifices ainsi que leur rôle social dans la vie de la cité. L'on s'étonne même des quantités de pierres ayant servi à la construction de la ville. Mais qui se demande d'où a été extraite cette pierraille? Comment les constructeurs l'ont-ils acheminée. Les pierres ont-elles été acheminées de près ou de loin? Eh bien, à une dizaine de kilomètres au sud de la ville de Tigzirt, sur les hauteurs du massif de Mizrana, il existe un lieu connu comme étant la plus grande carrière de la région. Elle s'étend sur plusieurs kilomètres de haut en bas. On y trouve des pierres taillées de tous calibres. Il existe même des pierres de même calibre et de même forme que les pierres ayant servi à ériger les édifices antiques des sites de la ville d'Iomnium à Tigzirt. L'on estime que cette carrière, aujourd'hui, en grande partie, couverte par la forêt de Mizrana, a bel et bien servi à construire cette cité antique gouvernée d'ailleurs par un enfant de la région qui devait bien connaître tous ces endroits, Septime Sévère, gouverneur romain d'origine berbère. Ce site constitue donc à lui seul une vraie attraction non seulement pour les touristes mais aussi pour les chercheurs en histoire et en archéologie. Ce site situé dans la ville de Mizrana peut également servir d'objet de mémoire de fin d'étude pour les étudiants, tous grades confondus, de l'université de Tizi Ouzou. Etudier ce lieu dont on a puisé la matière qui a servi à la construction d'une aussi importante cité peut éclairer beaucoup de zones d'ombre de l'histoire antique de l'Algérie. Il peut aussi servir de destination touristique et ainsi étendre l'impact économique de la ville de Tigzirt vers d'autres communes limitrophes comme Mizrana. Les sources d'alimentation en eau et les limaces protectrices de la ville antique existent encore. Les réponses à une autre question peuvent apporter des éclairages sur le choix des Romains à s'établir dans la ville de Tigzirt. Où se trouvent donc les sources ayant alimenté cette cité antique en eau potable? Relativement connu, le lieu se trouve à près de deux kilomètres en aplomb d'Iomnium ou de l'actuelle Tigzirt. Les lieux portent encore les vestiges des aqueducs. Il y a même les traces d'une eau très abondante en surface avec des végétations d'une verdure très révélatrice. Le muraille: une ceinture protectrice Bien que l'alimentation des villes romaines en eau potable soit un sujet qui a déjà fait l'objet de nombreuses études, il n'en demeure pas moins que la ville d'Iomnium reste en retard sur ce plan. Ce lieu reste inconnu du grand public bien que son exploitation apporte une valeur ajoutée économique à la commune. En l'additionnant aux sites touristiques locaux, ce lieu peut générer un apport sur le plan touristique. Mais hélas, et jusqu'à présent, il reste encore ignoré, tout comme d'ailleurs, le tracé des limaces romaines qui ont servi à protéger la cité romaine des attaques des tribus berbères voisines. Cette grande muraille dont certaines parties, protégées notamment par de denses forêts, reste encore visible dans certains endroits des communes de Makouda, Boudjima, Ouaguenoun voire même à Timizart et Iflissen. C'est une véritable ceinture protectrice visant à repousser les tribus berbères au-delà d'un périmètre de plus de 30 kilomètres aux alentours de la cité romaine. Les populations locales la connaissent et l'appellent Aghalad Oujehli. Cette muraille d'une hauteur de plusieurs mètres garde quelques traces encore édifiées, mais elle se trouve en grande partie sous forme d'amas de pierres. Déterminer avec précision le tracé de cet édifice peut expliquer beaucoup de points encore inconnus de l'histoire des mouvements des peuples dans cette région. Avec une industrie de tourisme développée, ce vestige peut constituer une destination touristique au bénéfice de toutes les communes aux alentours. Son exploitation peut générer des postes d'emploi aux jeunes de ces communes qui pourront ainsi lancer des activités commerciales à de nombreux endroits où la muraille est encore visible en attirant des visiteurs. C'est aussi une aubaine pour les agences de voyages qui pourront organiser des circuits touristiques très rentables en impliquant le secteur des transports. Enfin, parmi les choses oubliées aujourd'hui, figurent les anciens sentiers que personne ne prend plus. Avec le début de la colonisation, de nouvelles routes carrossables ont été tracées. Ce qui a contraint les populations locales à se détourner relativement de leurs anciens sentiers fait de pierres et mieux adaptés aux caractéristiques sociologiques du foncier local. Après l'indépendance, les communes ont poursuivi la réalisation des routes sans prendre en compte les anciens sentiers tracés sur un cumul de siècles et, selon des données sociologiques bien déterminées. Aujourd'hui comme conséquence, on voit certaines routes accuser des glissements de terrain et autres inondations. Ce phénomène très récurrent dans la wilaya de Tizi Ouzou est en grande partie dû à la mauvaise connaissance géologique des terrains servant de passage des routes et des autoroutes. Une tare que l'on ne trouve nullement dans les anciens sentiers que prenaient nos ancêtres qui connaissaient bien les terrains, grâce à une expérience ancestrale transmise de génération en génération.