Moscou et Kiev ont accepté d'«assurer la sécurité de la navigation, de supprimer l'usage de la force et d'empêcher l'utilisation de navires commerciaux pour des objectifs militaires en mer Noire», a indiqué la Maison- Blanche dans deux communiqués distincts rendant compte des discussions, ces derniers jours, avec les Ukrainiens et les Russes en Arabie saoudite. La Russie et l'Ukraine ont donc accepté de cesser les hostilités en mer Noire, selon les Etats-Unis, Washington se disant prêt à aider Moscou à exporter ses produits agricoles et engrais sur les marchés mondiaux. Le Kremlin a toutefois posé une condition: cet accord ne pourra entrer en vigueur qu'après la «levée» des restrictions occidentales sur le commerce de céréales et d'engrais russes. Kiev s'est engagé dans la foulée à «mettre en oeuvre» les annonces de Washington, de «bonnes mesures» selon le président Volodymyr Zelensky. Les deux pays alliés se sont aussi mis d'accord pour impliquer des pays «tiers» dans la supervision d'une trêve, ce dont s'est aussi félicité le Kremlin. Les Etats-Unis s'engagent par ailleurs, à «soutenir les efforts en vue d'échanges de prisonniers, de la libération de civils et du retour d'enfants ukrainiens déplacés de force». La Russie peut compter sur l'appui de la Maison-Blanche pour «rétablir l'accès de la Russie au marché mondial pour les exportations de produits agricoles et d'engrais, réduire les coûts d'assurance maritime et améliorer l'accès aux ports et aux systèmes de paiement pour ces transactions», un grief majeur de Moscou après les sanctions radicales imposées par les alliés occidentaux. Moscou et Washington vont aussi «élaborer des mesures» pour permettre l'application de la trêve de trente jours dans les frappes sur les infrastructures énergétiques en Russie et en Ukraine, selon le Kremlin. Mardi soir, il a indiqué que cette trêve, discutée lors de pourparlers avec les Etats-Unis, concernait notamment les raffineries, les gazoducs et les centrales électriques. Cette trêve de trente jours avait été annoncée le 18 mars par les présidents Vladimir Poutine et Donald Trump mais jamais réellement appliquée. À Paris, la présidence française a estimé que les accords annoncés mardi par la Maison-Blanche allaient «dans la bonne direction» mais étaient insuffisants pour aboutir à un «cessez-le-feu durable, solide, et encore moins à un accord de paix». Pendant les pourparlers, les Etats-Unis ont «répété que le président Donald Trump voulait impérativement mettre fin aux tueries de part et d'autre». L'un des négociateurs russes, Grigori Karassine, a affirmé que le dialogue avec les Américains lundi avait été «intense, pas facile, mais très utile». «Nous sommes loin d'avoir tout réglé (...) mais il me semble qu'une telle conversation est très opportune», a estimé Karassine. Le Kremlin a indiqué mardi que la trêve concernait notamment les raffineries, les gazoducs et les centrales électriques. Selon un communiqué de la présidence russe, la liste des installations concernées a été «convenue entre la Russie et les Etats-Unis». Dans celle-ci figurent les raffineries de pétrole et les gazoducs et oléoducs, des sites visés quasiment chaque semaine par des attaques de drones ukrainiens sur le territoire russe. Figurent aussi les centrales et les transformateurs et sous-stations électriques. Figurent enfin les centrales nucléaires et les barrages hydroélectriques, des infrastructures particulièrement sensibles. La présidence russe a précisé dans son communiqué qu'«en cas de violation du moratoire par l'une des parties, l'autre partie peut se considérer comme libérée de l'obligation de le respecter». Le Kremlin a prévenu que les accords concernant notamment une trêve en mer Noire n'entreraient en vigueur qu'après la levée des restrictions occidentales sur le commerce de céréales et d'engrais russes. Moscou et Washington se sont accordés sur «la garantie de la sécurité de la navigation dans la mer Noire, le non-recours à la force et la prévention de l'utilisation de navires commerciaux à des fins militaires», selon les termes d'un communiqué publié par le Kremlin, au lendemain des discussions russo-américaines en Arabie saoudite. La présidence russe a affirmé que les Etats-Unis allaient «contribuer» à «rétablir l'accès des exportations russes de produits agricoles et d'engrais au marché mondial, à réduire le coût de l'assurance maritime». Mais le Kremlin a surtout souligné que de tels accords, annoncés initialement par la Maison-Blanche, entreraient en vigueur uniquement «après» la levée de nombreuses sanctions, en particulier de celles imposées à sa grande banque agricole Rosselkhozbank, à certains «producteurs et exportateurs de denrées alimentaires (...) et d'engrais», ainsi que celles visant des «compagnies d'assurances sur les cargaisons». «La collaboration dans le cadre de cette initiative permettra de fournir des céréales à plus de 100 millions de personnes supplémentaires dans le monde», s'est félicité sur Telegram Kirill Dmitriev, le patron du fonds souverain russe et un des négociateurs envoyés par Moscou lors des premiers pourparlers russo-américains qui se sont tenus le 18 février en Arabie saoudite. «Pour la Russie comme pour les Etats-Unis, il s'agira non seulement d'une contribution humanitaire, mais aussi d'un succès stratégique. Un succès commun», a-t-il insisté sur Telegram. La Russie est l'un des plus grands exportateurs de produits agricoles dans le monde.