Que coûte, en termes de pression sur les finances, la dégradation de l'environnement pour les économies maghrébines? Le thème de l'environnement est en passe de devenir la plate-forme commune aux pays du Maghreb, dans la perspective de la mise en place d'un espace économique régional qui réunirait essentiellement la Tunisie, le Maroc et l'Algérie. Ce thème qui demeure en soi un défi, recèle en lui des opportunités que ces trois pays ont en partage. Et ils ne sont certainement pas les derniers à avoir pris conscience de l'urgence et de la nécessité d'intégrer dans leurs programmes de développement économique et social une stratégie d'orientation vers la prospection d'énergies renouvelables et nouvelles, et d'axer leurs politiques environnementale et culturelle sur la protection de leurs ressources naturelles et de faire la part belle aux vestiges légués par des milliers d'années d'histoire, témoignage de la présence de l'homme, nécessaire à la compréhension du développement humain. La notion même de développement durable à intégrer porte en elle deux facteurs indispensables à son existence, la coexistence du temps et de la pérennité, en ratifiant le protocole de Kyoto, entré en vigueur depuis le 16 février 2005, qui porte sur les changements climatiques. Les gouvernements ont pris conscience des défis toujours croissants posés pour la préservation de l'environnement. L'Algérie qui a entrepris de lutter contre la pollution industrielle, à travers un programme d'envergure appuyé par la Banque mondiale, compte tenu, en particulier, des problèmes de santé publique enregistrés dans la région d'Annaba par un complexe sidérurgique dont la technologie était devenue obsolète, a abouti à des résultats significatifs, grâce notamment aux efforts déployés par l'entreprise Asmidal, et qui ont conduit à la réduction significative des émissions de dioxyde de soufre, d'oxydes d'azotes et de particules, améliorant, de manière notoire et probante, la qualité de l'air dans la région d'Annaba. Que coûte en termes de pression sur les finances, la dégradation de l'environnement pour les économies maghrébines? Des trois pays, le plus loti est la Tunisie avec 2,1% du PIB, Produit intérieur brut, alors que pour le Maroc et l'Algérie, il est respectivement de 3,7% et 3,6%. Le Metap, programme d'assistance technique pour la protection de l'environnement méditerranéen, créé en 1990, qui revendique comme objectif de «renforcer la capacité des pays méditerranéens pour adresser les problèmes environnementaux communs», a évalué le coût de la dégradation de l'environnement au Maroc à 1,23 milliard de dollars, celui de la Tunisie a été estimé à 440 millions de dollars, tandis que pour l'Algérie, il représenterait 1,69 milliard de dollars. Le Metap a pour vocation d'apporter une assistance technique dans les domaines du développement des instruments de politique, institutionnels et législatifs, de la gestion de la qualité de l'eau, et de la gestion des déchets municipaux et déchets dangereux. L'Algérie, le Maroc, la Tunisie ont été les pays qui ont le plus bénéficié dans ces domaines. A travers cette expérience commune qui a donné une dimension régionale aux institutions nationales de chacun de ces pays, les experts maghrébins ont pu divulguer leurs connaissances en la matière et faciliter les échanges dans les domaines de la formation et des connaissances aux pays qui bénéficient du soutien du Metap. Grâce à ce dernier, la Banque européenne d'investissement (BEI) maintient un portefeuille important de projets au Maghreb, en ce qui concerne l'assainissement de l'eau et de la pollution tellurique. Mais le Metap se focalise d'ores et déjà sur le défi auquel feront face les pays maghrébins pour atteindre les objectifs de développement millénaires. L'approche consiste à intégrer les bénéfices monétaires générés par la vente des émissions de carbone pour financer des projets environnementaux. Le but est de réduire la dette des Etats du Maghreb, en matière de protection de l'environnement. La Tunisie a été le premier pays à avoir vendu à la Banque mondiale une partie de ses émissions en carbone, conformément au Mécanisme de développement propre (MDP) du protocole de Kyoto. L'Algérie elle, compte utiliser cette approche et est en train de rattraper le temps perdu. Loin des considérations idéologiques, des prises de position politiques qui aiguisent les sensibilités, l'environnement plus que tout autre domaine, peut constituer le potentiel fédérateur transfrontalier pour asseoir une coopération intermaghrébine durable et pérenne.