La mémoire retiendra que, pour la première fois dans l'histoire, l'Iran et Israël accordent leurs violons pour saluer l'exécution de l'ancien président irakien. Le sentiment de consternation qui rongeait la majorité des pays arabes et musulmans, à la suite de l'exécution, par pendaison, de Saddam Hussein, a «évincé» la joie de la fête de l'Aïd. La pendaison, le même jour sacré, du président irakien déchu sonnait, en effet, comme une provocation. Ainsi, le risque de voir s'exacerber les rivalités confessionnelles entre l'Orient et l'Occident, n'est pas du tout exclu. Une menace que même le secrétaire général de la Ligue arabe, M.Amr Moussa a d'ailleurs, souligné implicitement dans sa déclaration sur la manière avec laquelle a été exécuté l'ancien président irakien. «L'exécution de Saddam ne sera pas sans conséquences, car nombreux sont ceux qui considèrent que le procès était injuste et que le jour de son exécution a été mal choisi» a ainsi réagi M.Moussa. Ce dernier semble convaincu que par rapport à l'Irak, la mort de Saddam Hussein marque la fin d'une époque et le début d'une autre. «Maintenant que le régime de Saddam est fini, il faut s'intéresser à la question principale consistant à réactiver le processus de réconciliation nationale irakienne» indique le SG de la Ligue arabe tout en mettant l'accent sur les efforts de réconciliation devant se poursuivre, selon lui. Le timing choisi pour cette exécution a été également dénoncé par l'Egypte par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alaa Al-Hadidi. Celui-ci laissera entendre que la décision d'exécuter l'ancien président irakien a été tranchée sans tenir compte des sentiments des musulmans et du caractère sacré du jour de l'Aïd El Adha. En Libye, la fête de l'Aïd a été vite transformée en deuil national décrété pour trois journées consécutives par les autorités. L'exécution de Saddam est considérée comme «une atteinte aux sentiments des peuples musulmans», ont indiqué les autorités tunisiennes dans une déclaration rendue publique. Au Maroc, cette exécution a été également dénoncée à travers des manifestations de protestation auxquelles ont appelé plusieurs ONG marocaines. La réaction officielle du Royaume n'est pas allée, quant à elle, au-delà d'un simple appel à la réconciliation entre les différentes composantes de la nation irakienne. Abondant dans le même sens, le ministre de l'Information syrien a, lui aussi, qualifié de «pénible et affligeante» l'exécution de la sentence contre l'ex-président irakien. Par ailleurs, la mémoire retiendra que, pour la première fois dans l'histoire, l'Iran et Israël accordent leurs violons pour saluer l'exécution de l'ancien président irakien, laquelle exécution est qualifiée de «victoire» par le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, et comme étant «une justice qui s'est accomplie» de l'avis d'un haut responsable israélien qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat.