«Le fait de vendre et d'acheter les voix des électeurs fausse le processus politique et démocratique», selon Belkhadem. Un remaniement gouvernemental serait imminent. L'annonce a été faite, jeudi, par le chef du gouvernement sur les ondes de la radio Chaîne II. Abdelaziz Belkhadem a indiqué avoir fait la proposition au chef de l'Etat, «par écrit», sans citer les portefeuilles concernés. Il rappelle, toutefois, que la décision revient au président de la République, conformément aux dispositions de la Constitution. Conforté par son large succès aux dernières élections sénatoriales, Belkhadem compte placer ses hommes dans les portefeuilles-clés du gouvernement. Cependant, quel sort sera réservé au président du MSP, après la dernière polémique sur la corruption? Une affaire qui a laissé un goût d'inachevé, dans la mesure où le gouvernement ne s'est pas prononcé sur son dénouement. Soltani va-t-il être retenu au sein de la prochaine équipe? Dans ce cas, Ahmed Ouyahia serait-il, lui aussi, investi du même statut que Soltani, d'autant plus que le secrétaire général du RND était annoncé à la tête du ministère des Affaires étrangères? En outre, des sources avancent le nom de Abdelmalek Sellal pour occuper un poste de souveraineté, alors que Amar Ghoul dirigerait un département regroupant les travaux publics et l'équipement. Il serait même secondé par un ministre délégué, ajoute-t-on. Les secteurs du commerce, de la culture, de l'agriculture, des transports, du travail, de l'industrie et de l'artisanat connaîtraient de nouveaux titulaires. On évoque, ainsi, à la tête du ministère de la Culture, les noms d'Amine Zaoui, actuel directeur de la Bibliothèque nationale et de Abdelkader Khemri, ancien directeur général de l'Anep et ex-ministre. Quant à Tayeb Louh qui avait accompli un excellent boulot au ministère du Travail, il est annoncé soit à la justice soit à la santé. C'est le cas du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, qui non seulement changera de titulaire, mais s'occupera aussi de la ville. Nommé à la tête de l'Exécutif depuis mai dernier, Belkhadem n'a opéré aucun changement, si l'on excepte la désignation de Djiar à l'Information. Il a pris le temps qu'il fallait pour mieux évaluer le rendement de chacun. Il semble privilégier l'efficacité et le rendement palpables à la figuration devant les caméras de télévision. L'opposition -ou ce qu'il en reste- avait tiré à boulets rouges sur certains ministres, accusés de brader l'économie nationale au profit des multinationales, rappelle-t-on. Par ailleurs, le déballage médiatique autour du ministre de la Jeunesse et des Sports et les grands projets annoncés en fanfare et qui n'ont pas encore démarré, constituent autant de reproches qu'on pourrait retenir contre l'équipe actuelle après que le délai de grâce ait expiré. Certains observateurs estimaient le remaniement jusqu'après les législatives. Mais Belkhadem semble avoir conçu une idée précise sur chaque secteur et se dire qu'il vaut mieux gagner du temps. S'exprimant, à présent, en sa qualité de SG du FLN, il souhaite tenir les législatives en même temps que les locales, par souci de limitation des dépenses. Il n'a pas encore fait la proposition à Bouteflika. Il saisit l'occasion pour avancer ses idées sur la nature du mode de scrutin. En toute vraisemblance, il préfère garder la proportionnelle pour les législatives, en opérant des changements vers les listes nominatives, et aller vers une scrutin uninominal pour les locales afin de faire sortir les communes du marasme pluraliste. Le projet est au stade de la réflexion. Le premier responsable du parti de la majorité est très préoccupé par les moeurs politiques qui ont la peau dure. En 2006, on continue de vendre les voix sur la place publique. Ce n'est plus un secret. Belkhadem en fait état publiquement. Il considère que cette indécence «fausse le processus politique et démocratique» et «empêche l'émergence des compétences». La gestion de ce problème «aurait été plus facile si elle se limitait uniquement à l'élection des membres du Conseil de la Nation», a-t-il précisé. Il a exhorté les partis de l'Alliance présidentielle ainsi que l'ensemble de la classe politique, la société civile et tous les citoyens à encourager la pratique démocratique en luttant «contre le phénomène de vente et d'achat des voix électorales et contre l'utilisation de l'influence politique». Au sujet des 3 candidats qui se sont présentés en indépendants au Sénat, il indique qu'ils «comparaîtront devant le conseil de discipline, en dépit de leur élection, sans toutefois perdre la qualité de membres du parti». La mesure englobera les 22 candidats qui ont enfreint le règlement intérieur du parti ainsi que tous ceux qui ont marchandé leurs voix au profit d'autres partis. Le référendum sur l'amendement de la Constitution «aura lieu au courant de l'année 2007». La proposition du FLN porte sur «la nature du régime». Mais il indique n'avoir «aucune idée sur le contenu du projet du président de la République». De son côté, «le FLN aspire à un régime présidentiel avec des prérogatives bien définies, avec un contrôle clair sur les différentes instances, pour une meilleure gestion de la chose publique». Concernant le dialogue gouvernement-archs, Belkhadem affirme que «l'Etat respecte et honore les engagements» à travers la mise en oeuvre de «l'accord signé entre l'ancien chef de gouvernement et les représentants des arouch». Belkhadem a, en outre, affirmé que l'Algérie veut une relation «d'égal à égal» avec la France et souhaite que le dialogue entre les deux pays soit basé sur «les intérêts communs». Les relations entre l'Algérie et la France obéissent à un certains nombre de facteurs qui ne sauraient être ignorés. «La France doit présenter ses excuses pour les actes de destruction qu'elle a commis en Algérie», a-t-il conclu. S'exprimant, à présent, en tant que chef du gouvernement, Belkhadem est revenu sur l'exécution de Saddam Hussein. Il a déclaré: «Nous ne pouvons pas adopter une autre position que celle du peuple qui a été consterné par l'exécution par pendaison d'un dirigeant arabe». Avant de s'interroger: «Pourquoi Milosevic a-t-il été transféré devant la justice de La Haye, et pourquoi Pinochet n'a-t-il pas été jugé?».