Le président du club béjaoui estime que la phase retour sera extrêmement difficile. L'Expression: La JSM Béjaïa peut, au pire, terminer troisième de la phase aller si l'ASO Chlef venait à s'imposer lors de son match en retard à Sétif le 12 janvier. Que représente à vos yeux ce classement? B.Tiab: La consécration de mois d'efforts. Mais je sais que nous n'en sommes qu'à la moitié du chemin et qu'il en reste une autre où il nous faudra rester mobilisé. Tabliez-vous sur un tel parcours? Absolument pas. Pour moi, cette place est au dessus de nos espérances mais également de nos moyens. Vous nous auriez dit en début de saison que la JSMB serait derrière le leader à la fin de l'aller, nous vous aurions pris pour un fou. Nous étions conscients que la partie n'allait pas être facile du tout, mais les joueurs y ont mis du leur et ont su surmonter la plupart des handicaps qui se présentaient devant eux. A quoi attribuez-vous une telle réussite? Je préfère ne pas parler de réussite mais plutôt de travail bien fait autour d'un objectif, celui de placer la JSMB dans des conditions où elle évite le stress des lendemains incertains. Si on est arrivé à ce stade c'est, en grande partie, grâce aux joueurs qui se sont solidarisés et ont fait cause commune. Pour cela, ils ont focalisé leur attention sur leur travail et n'ont pas cherché à parler de problèmes d'argent qui font, pourtant, partie du quotidien du football algérien. S'ils n'en parlent pas, c'est peut-être parce que vous les mettez à l'aise en les payant rubis sur l'ongle. Ecoutez, la JSMB est à l'image de ce qui se passe dans tous les autres clubs sur le plan financier. Ce n'est vraiment pas l'opulence. Je peux même vous avancer que notre club est l'un des moins nantis de la division 1 en ce domaine. Il y a, donc, du retard, mais très peu dans le paiement des joueurs. Seulement chez nous, il n'est pas un athlète qui vous dira qu'il n'a pas été entièrement payé en fin de saison. Lorsqu'un joueur nous quitte, il prend son solde de tout compte. Ce qui voudrait dire que la JSMB reste un club huppé. Pas du tout. Elle en est même loin et c'est pourquoi je vous ai dit que la place que la JSMB occupe au classement général est au-dessus de ses moyens. Ce que nous faisons c'est simplement respecter la parole donnée. Il n'est pas question pour nous d'embaucher un joueur et qui nous quitte, après avoir joué pour nos couleurs, sans prendre ce à quoi il ouvre droit. Mais vous avez tout de même les autorités locales pour vous soutenir. De quelles autorités locales parlez-vous? Peut-être qu'elles existent mais chez nous, dans le football, on n'en a pas vu. La JSMB est 2e du championnat d'Algérie et il ne se trouve aucun responsable de la wilaya, de l'APW ou de l'APC à s'intéresser à elle. Quand je vois l'ESS qui est reçue par son wali, je me dis que nous n'appartenons pas au même monde. Ces gens n'ont pas conscience de ce qu'une équipe de football peut rapporter à leur ville en terme de cohésion sociale ou de renommée. La moindre des choses que l'on attendait d'eux, c'est qu'ils se manifestent pour nous prodiguer des encouragements et voir si on n'a pas besoin de quelque chose. Non, rien. C'est le désert. Le football est pourtant un sport qui mobilise les foules, notamment les jeunes. Pour moi, ils sont hors sujet. Nul ne contestera le fait que la JSMB a effectué un très bon début de saison. Le rôle du Portugais Eurico Gomes, que vous avez licencié, y a été prépondérant. Est-ce votre avis? J'en conviens, Gomes a fait du bon boulot à l'intersaison mais je tiens à rectifier une information. Il n'a pas été licencié, il est parti de lui-même. Après être resté quatre mois parmi nous, il m'avait demandé une semaine de congé, pour aller chez lui se recueillir sur la tombe de sa mère, décédée peu de temps auparavant. Il n'est pas revenu de ce voyage parce qu'il avait estimé que nous n'avions pas répondu à son attente qui était de renvoyer un paquet de joueurs. Pour nous, il était en abandon de poste. Et il était à jour en matière de salaire? Je peux vous dire que c'est lui qui nous doit de l'argent. Quand il avait signé son contrat, qui courait jusqu'à fin décembre, il avait touché l'intégralité de son argent. A partir du Portugal, il m'a appelé un jour pour me dire qu'il avait des soucis d'ordre financier et qu'il souhaitait qu'on lui paie son salaire du mois de janvier. C'est ce que nous avons fait, et jusqu'à aujourd'hui, il n'a pas remboursé le moindre centime. J'ajoute qu'il m'a rappelé une autre fois pour m'annoncer son intention de revenir entraîner la JSMB. Je ne pouvais donner suite à cette demande parce que nous avions déjà enrôlé Chéradi. Et puis, peut-on continuer à faire confiance à quelqu'un qui est capable de vous quitter sur un coup de tête? Justement à propos de Chéradi, peut-on dire qu'il conserve toute votre confiance? Absolument. Il est là, il travaille et on veut qu'il ait la paix car on raconte très souvent n'importe quoi au sujet de ses relations avec les dirigeants du club. La JSMB subira-t-elle de gros changements avant le démarrage de la phase retour? Nous avons tout lieu d'être satisfait de l'effectif que nous possédons. Il sera, donc, conservé dans sa totalité. Du côté des recrues, nous avons reçu le renfort du défenseur latéral gauche du RC Relizane, Khelil Bouabdallah. Nous avions, également, misé sur la venue du jeune Karim Daho qui joue dans le club français du Nîmes Olympique. Je suis allé en France et j'ai pu discuter avec lui, mais il m'a demandé un salaire de 8000 euros par mois qui est au-dessus des moyens du club. Nous avons, alors, vu du côté de la région Rhône Alpes où évolue, dans un club de 3e division, Benayène, un ex-joueur de la JSK que Berguigua et Habri connaissent et qui nous ont dit beaucoup de bien sur lui. Il est susceptible de venir étoffer le compartiment offensif de l'équipe. On dit aussi que Habri pourrait aller du côté de Tlemcen. C'est du n'importe quoi. Kamel est avec nous et on en a besoin. Qui des deux joueurs étrangers? Il s'agit de deux Camerounais qui n'ont pas donné satisfaction. Ils sont restés 4 mois chez nous. Ils ont perçu un salaire et ont été entièrement pris en charge. Il y a comme une arnaque dans cette histoire. Au départ, il était question que leur manager nous propose trois joueurs. Ils nous les a ramenés après qu'on leur ait envoyé l'invitation et les billets d'avion. Finalement, le troisième, qui était le meilleur, ce manager a préféré l'orienter sur l'ESS. Il s'agit de Remy Adico. Je ne vous cache pas qu'à la JSMB, nous sommes dégoûtés des pratiques de ces managers, et que, pour l'instant, nous allons mettre une croix sur ces recrutements de joueurs étrangers. Pour terminer, est-ce que vous n'espérez pas que la JSMB puisse accrocher une place dans une compétition internationale en fin de saison? Comme je vous l'ai dit, ce que l'équipe a réalisé jusqu'à présent est au-dessus de nos espérances. Nous demeurons réalistes car nous savons qu'au retour nous serons attendu partout. Pour cela, l'objectif principal de la JSMB sera d'assurer le maintien en division1. Maintenant, si jamais elle venait à confirmer ses bonnes dispositions, pourquoi se priver du plaisir de voir grand et de viser une qualification en Coupe arabe?