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Le «quatrième pouvoir», l'illusion et le journaliste
L'AUTRE REGARD
Publié dans L'Expression le 18 - 01 - 2007

L'éthique est malmenée par l'extraordinaire multiplication des chaînes de télévision et de l'excessive centralisation des médias et de leur contrôle par le complexe militaro-industriel.
Aujourd'hui, avec l'ouverture médiatique, les mythes d'une presse libre commencent à s'étioler, laissant place à une meilleure lecture du fonctionnement de la presse trop travaillée par la subjectivité. Les événements en Irak, au Liban et en Ukraine ont montré, de manière extraordinaire, le degré d'assujettissement de la grande partie des médias occidentaux aux intérêts nationaux et au pouvoir politique en place. Ainsi, vole en éclats l'illusion longtemps entretenue de l'existence d'un quatrième pouvoir représenté par la presse, aujourd'hui complètement otage des puissances d'argent. Comme d'ailleurs cette utopie trop reproduite dans les discours ambiants de la séparation des pouvoirs. L'Europe et l'Amérique, fonctionnant le plus souvent comme donneuses de leçons, restent loin du modèle démocratique athénien longtemps considéré comme le lieu originel de la démocratie «occidentale» marquée par la mise en oeuvre d'expériences duales et d'un discours sur la démocratie perpétuellement nié et renié par une pratique différente.
La colonisation, soutenue par la grande partie des médias de l'époque, comme le coup d'Etat avorté contre le président vénézuélien, Hugo Chavez, l'embastillement de Yasser Arafat et l'occupation de l'Irak, défendus, malgré d'infimes nuances par la grande partie de la presse américaine, posent, encore une fois, sérieusement le problème de la presse occupant aujourd'hui les lieux peu enviables de la propagande et du discours publicitaires. Certes, il existe encore des îlots de résistance dans les milieux médiatiques occidentaux. Le cas du Monde Diplomatique et peut-être du Canard enchaîné en France et de The Nation aux Etats-Unis est symptomatique de cette volonté de développer un discours différent dans un monde trop sevré d'évidences et de manipulations de tous genres caractérisant un univers vivant le marché et le néo-libéralisme comme une nouvelle religion.
Presse et politique
Une lecture du vocabulaire et des images utilisées et l'interrogation du fonctionnement lexical du discours médiatique donneraient à voir une posture dénuée d'arguments et d‘espaces fortement «sourcés» et d'une information équilibrée. La représentation démoniaque du candidat «pro-russe» en Ukraine ou du Hezbollah pendant les derniers événements du Liban participe d'une stratégie de dévalorisation de l'image d'un candidat ou d'une entité. La presse fonctionne comme une instance reproductrice du discours officiel, donnant à voir et à entendre une seule image et une seule voix.
Les images ukrainiennes ont révélé le degré de fragilité et d'insouciance des médias américains et européens, prisonniers de leurs bailleurs de fonds et de leur précipitation. Cette course à une nouveauté biaisée et à une image unique mais paradoxalement démultipliée donnant l'illusion d'une pluralité informationnelle, dictée par les nouvelles conditions politiques et techniques, n'est pas sans danger pour le crédit des médias qui continuent à perdre ces dernières années énormément de lecteurs. Aujourd'hui, même aux Etats-Unis où on a toujours tenté de favoriser l'information au détriment du commentaire à tel point que l'obsédante présence des fameuses questions (qui? quoi? à qui? quand? où? comment? et pourquoi?) marquaient le territoire de l'écriture journalistique, les a-priori et la facilité regagnent du terrain. La couverture de la situation irakienne, afghane, libanaise, mexicaine et palestinienne a montré les limites de cette presse transformée en espaces privilégiés de propagande. D'ailleurs, l'information, doublement médiatisée, devient l'otage des décideurs politiques. Une seule source suffit pour envelopper l'information construite à l'aide de préjugés, de jugements et de positions politiques et idéologiques tout en ajoutant la dimension spectaculaire, désormais obsédante. La classique séparation entre rédacteurs et reporters reçoit un sérieux coup. Le reportage se transforme paradoxalement en un espace de justification et d'illustration d'un discours préalablement établi. Propos redondants, clichés et stéréotypes traversent le discours journalistique truffé de multiples descriptions et de très nombreux adjectifs qualificatifs. L'évidence, terrain théoriquement trop suspect et peu désirable, courtise désormais les grands médias. Le langage journalistique se rapproche dangereusement des territoires d'une certaine littérature de consommation. Les images de Saddam Hussein et de ses deux fils, de Arafat ou l'assassinat en direct des Ceausescu, montrés comme allant de soi, décrédibilisent un métier aujourd'hui en quête d'une impossible réhabilitation. Les images trop manipulées de la situation ukrainienne, plus complexe que la présentation trop linéaire et trop simpliste des médias français et «occidentaux» renforcent cette idée.
Il est extrêmement peu sérieux de parler aujourd'hui de presse crédible dans un univers marqué par les relents de l'information- spectacle et du cynisme ambiant conduisant inévitablement à de graves dérives de l'éthique professionnelle, aujourd'hui malmenée par l'extraordinaire multiplication des chaînes de télévision et de l'excessive centralisation des médias et de leur contrôle par le complexe militaro-industriel. La triple révolution technologique, économique et déontologique, paradoxalement lieu de la pensée unique, provoque de nouveaux réflexes et engendre l'émergence de nouvelles structures de production et de diffusion. L'illusoire distinction entre rédacteurs et reporters prend un sérieux coup. Mais les jeux malsains entre le politique et le médiatique ne sont pas du tout absents.
L'enquête sur l'affaire Watergate qui a été une sorte d'illusion masquant une situation trop paradoxale, menée par deux jeunes reporters à l'époque, Woodward et Bernstein, n'a été possible qu'après de très longues hésitations de l'équipe directionnelle et du puissant rédacteur en chef, Bradlee, de peur de subir les représailles de la Maison-Blanche, ce qui aurait provoqué la disparition pure et simple du quotidien, Washington Post et de ses stations TV. Ce n'est qu'après trois années et demie et suite à l'affaiblissement de Richard Nixon que le Washington Post suivi quelque temps après par les autres journaux (New York Times et Los Angeles Time) et CBS purent entamer de véritables enquêtes qui ont poussé le président à démissionner. Souvent, les organes de presse entretiennent d'étroites relations avec le monde politique et les affaires. Ainsi, à cause de cette situation, des articles de correspondants sont récrits à la rédaction centrale, en conformité avec le discours du département d'Etat. Mais il faut reconnaître que quelques journalistes arrivent à réagir contre cet état de fait et à rendre public leur mécontentement. L'ancien correspondant du Time à Pékin, Teddy White, a été désagréablement surpris en constatant que les «articles» publiés pourtant sous sa signature étaient totalement différents des textes qu'il expédiait à partir de la capitale chinoise à tel point qu'il avait placé une pancarte dans son bureau pékinois illustrant avec ironie la réalité de la presse américaine: «Toute ressemblance entre ce qui est écrit ici et ce qui paraît dans Time est purement fortuite».
L'instrumentalisation des médias
L'illusion d'une presse occidentale libre et sans censure n'est finalement qu'une vue de l'esprit. La soumission aux grands trusts industriels est une réalité qui restreint considérablement le champ de liberté de la presse. De grandes personnalités siégeant dans les conseils d'administration des médias se retrouvent également dans les directions de grandes sociétés multinationales. Un ancien secrétaire d'Etat siège en même temps dans l'entreprise militaire, General Dynamics et au conseil d'administration du New York Times, l'ancien secrétaire d'Etat à la Défense est membre de la direction de la chaîne de télévision nationale, CBS, alors que Robert Mc Namara, lui aussi, secrétaire à la Défense, est membre dirigeant du Washington Post.
Ces situations rendent toute critique contre le complexe militaro-industriel impossible. D'ailleurs, la censure est implacable. On comprend que, parfois, les journalistes se comportent tout simplement en attachés de presse ou, pire, comme des soldats. C'est le cas lors de la «guerre du Golfe» ou l'invasion de Grenade et de Panama, par exemple. La manipulation avait atteint les sommets. Ce n'était pas uniquement CNN, mais tous les médias de la presse audiovisuelle et écrite qui s'étaient mis de la partie pour diaboliser Saddam Hussein assimilé à Hitler. D'ailleurs, la presse européenne, mobilisée pour la circonstance, n'a fait que reproduire les clichés et les stéréotypes de la presse américaine qui avait commencé la première, à convoquer des «consultants» militaires pour légitimer l'agression occidentale et à mettre en oeuvre une sorte de spectacle et de fiction. Le journaliste se transformait en soldat et en juge et confondait outrageusement commentaire, jugement et analyse. C'est toute l'armature du journalisme américain tel qu'il avait été enseigné dans les écoles de presse qui allait ainsi se voir mis en pièces.
Ces dernières années, les grands quotidiens «classiques» ont connu de très graves crises, mais, paradoxalement, de nouveaux titres arrivent à dominer le marché. C'est le cas d'El Pais et El Mundo en Espagne, de La Republica en Italie et de The Independent en Angleterre. Mais ce qui inquiète le plus dans ces pays, c'est l'excessive centralisation des médias, ce qui ne manque pas de rétrécir le champ possible des sources d'information. Trois groupes (Murdoch, Maxwell et Stevens) contrôlent en Grande-Bretagne un peu moins de 80% de la presse. Le groupe News International de Murdoch qui possède cinq quotidiens, tire 5 millions d'exemplaires les jours de semaine et 6 millions le dimanche.
En Italie, trois grands trusts contrôlent le marché médiatique. Il s'agit de Fiat (de la famille Agnelli), de Fininvest (Berlusconi) et de Olivetti (De Benedetti) qui dirigent les principales entreprises de la presse, de la télévision et de l'édition. Cet empire de l'audiovisuel a permis à Silvio Berlusconi d'accéder au poste très envié de chef du gouvernement italien avant de perdre les dernières élections. Presse et politique font très bon ménage. Même si ces derniers temps, assailli par la justice et quelque peu affaibli, il envisagerait de céder un certain nombre de ses sociétés de la presse écrite et audiovisuelle.
Cette concentration des titres limite considérablement la liberté de la presse et provoque de très sérieux dérapages déontologiques. C'est, désormais, le marketing qui prend le pouvoir au détriment des journalistes. D'ailleurs, l'enrichissement rapide et excessif de certains d'entre-eux les a éloignés de la masse de leurs lecteurs qui, selon les sondages, se méfient de plus en plus des journalistes et leur accordent que trop peu de crédit. Cette collusion des médias avec le pouvoir donne un sérieux coup à l'éthique qui quitte subrepticement les rédactions. Les grands journaux italiens parlent de moins en moins de la mafia et de la corruption pour des raisons évidentes. Aujourd'hui, la presse, frappée de plein fouet par la crise provoquée par une sérieuse érosion de son crédit, surtout après Timisoara, la «guerre du Golfe» et l'occupation de l'Irak, se met à chercher à se fabriquer une nouvelle image, après l'inflation d'écrits de propagande à tel point que le lecteur n'arrive pas à reconnaître la frontière séparant le vrai et le faux. Internet prend de plus en plus de l'ampleur et réussit à contrecarrer quelque peu ce discours uniciste.
Cette distorsion de l'information détruit toute communication, devenant vaine et peu sûre et alimente un contre-discours produit spontanément par le lecteur-spectateur qui inverse l'image et réécrit le texte à sa manière.
Les silences ou les discours logorrhéiques de la presse sur l'Irak et la Palestine et la mise en avant de l'événement de Darfour considéré comme espace-phare de l'information monté comme une neutralisation des images tues et/ou montrées de Baghdad et de Ghaza adhèrent à cette logique d'instrumentation de l'image, parfois rebelle et réfractaire au sens originel et aux intentions initiales. Mais il faut savoir qu'en Europe, comme aux Etats-Unis, existent des journaux et des télévisions, certes, marginalisés, qui entreprennent un extraordinaire travail de déchiffrage et de démystification de l'image dominante.


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