L'affaire de la Bcia commence à livrer ses secrets. D'autres opérations, à la fois suspectes et surprenantes, renseignent sur la vulnérabilité et la fragilité de la BEA. A quelques jours avant l'éclatement de l'affaire Bcia-BEA, l´Union Bank, par le biais de son ex-directeur général, Baâye Ali (en fuite) vient l'achever. Le même mis en cause ayant été le fer de lance dans l'affaire Bcia, à savoir Selmane Abderrahmane, revient à la charge cette fois-ci. Affaire à laquelle étaient associés des noms connus qui se sont mis de la partie. Il s'agit de l'accusé Reffas Lahcène à qui on a escompté à la BEA de Sig (Mascara) 7 traites de 50 milliards de centimes garanties par l´Union Bank. Du moins, c'est ce qu'a voulu prouver la partie civile qui trouve à la fois anormales et préméditées toutes ces opérations émises. L'accusé Sahel Mohamed a été la pièce maîtresse dans ce labyrinthe. Ce dernier est gérant de deux sociétés, l'une est fidèle à l'autre, c'est-à-dire la première société achète des marchandises de la deuxième, alors que leur propriétaire est la même personne. Ce qui donne que «le même gérant est à la fois tireur et tiré», a signalé Me Ben Bellal de la partie civile. Ce fait est expliqué par un mystérieux mouvement de 24 milliards de centimes qui ont été versés dans le compte de Sahel Mohamed le 21 mai 2003. Une partie de cette somme, soit 19 milliards de centimes, a été retirée 24 heures plus tard. Alors que ces deux opérations irrégulières, qui ont été effectuées à l'insu de l'accusé, n'ont suscité aucune réaction de ce dernier. L'escompte des effets se faisait auprès de la BEA. Ce fait a animé un vif débat entre toutes les parties concernées qui se sont livrées à une bataille de pièces justificatives. L'accusé, quant à lui, persiste dans ses réponses négatives. Comme un leitmotiv, la partie civile, le procureur général et le juge Achaâchi ont, tour à tour, demandé à l'accusé des explications sur le montant mystérieux transféré dans son compte, dont une majeure partie a été retirée le lendemain. S'agit-il de falsification de documents? Ou d'imitation de sa signature? L'accusé se retranchera derrière ses déclarations et ne dira pas plus d'un mot: «Je ne sais pas.» L'unique réponse trouvée par l'accusé Sahel Mohamed est que, lors de son séjour en France en mai 2003, l'ex-directeur général Union Bank, Baâye Ali, l'a contacté par téléphone et l'a informé qu'un potentiel personnage avait émis le souhait de devenir son client. A son arrivée en Algérie, l'intermédiaire (l'ex-directeur d'Union Bank) lui remet, le 20 mai 2003, une vingtaine de chèques. Ces chèques appartiennent à Selmane Abderrahmane. Exception faite, sur sa déclaration, d'avoir été contacté par l'ex-directeur d'Union Bank, l'accusé réfutera en bloc avoir rencontré, un jour, son futur client. Mieux encore, ce dernier devait, en plus des 20 chèques, compléter son dossier pour l'achat des marchandises demandées, en vain. Transaction qui n'a jamais eu lieu. D'ailleurs, Selmane Abderrahmane ne s'est, à ce jour, pas manifesté. Et depuis, le mis en cause vivait au rythme des tracasseries des enquêteurs qui l'ont convoqué, la première fois, l'informant que les 20 chèques en question étaient falsifiés. Et la deuxième fois, il avait retiré des sommes de deux traites qu'il ignore à ce jour. Le chef de service devises de l'agence n°74, Boukhatem Saïd, accusé d'avoir enregistré deux traites au profit de Oualla Abderrezak, qui n'apparaissent pas sur le fichier informatique, a renvoyé le chef d'inculpation dans le camp de son ex-directeur. Cette transaction a été effectivement faite mais sur dérogation signée par ce dernier. Sinon, au départ, pour raison d'insuffisance de crédit dans le compte Oualla Abderrezak et l'endettement de ce dernier vis-à-vis de la BEA, on avait refusé la validation des deux traites présentées par Arabic Bank Commercial (ABC) à la banque de compensation, alors qu'elles n'étaient pas garanties. Djouabi Mohamed est impliqué lui aussi, auquel on a garanti par la Bcia des chèques estimés à plus de 4 milliards de centimes. Celui-ci renvoie la balle dans le camp de Heddadi Yacine qui gère par procuration son compte bancaire, dont le capital social déposé est de 10 millions de centimes. A l'audition de Fouatih Lakhdar Tahar, ce fut son associé et cousin Fouatih Ahmed Belkacem (au box des accusés, appelé pour confrontation) qui le disculpe des chefs d'inculpation prononcés contre lui dans l'arrêt de renvoi. Il reconnaîtra avoir signé deux traites de 13 milliards de centimes sans en informer le mis en cause.