Parmi les convoqués d'hier, certains n'ont pas répondu. Après avoir longuement auditionné, durant deux semaines, sans répit, les impliqués dans l'affaire Bcia-BEA, c´est le tour des témoignages. Parmi les convoqués d'hier, certains n'ont pas répondu présent. Deux témoins de taille ont été interrogés, tout à tour, par le président du tribunal criminel d'Oran, la partie civile et le procureur général. Il s'agit de Henni Lakhdar, inspecteur principal près de la direction régionale de la BEA, et Bouhdjer Djaâfri sous-directeur du service exploitation dans la même banque. De prime abord, le juge Achaâchi Abdelouahab va droit au but et demande au premier témoin de s'exprimer sur le rapport des inspections effectuées au sein de l'agence n°74 en 2000 et 2001, dans lesquelles il était membre. Surtout, il lui demandera d'énumérer s'il y a eu des anomalies ou des dépassements constatés, leur nature et s'il y a des mesures particulières prises. Le témoin a été vraisemblablement acculé par cette question à laquelle il dira que toute anomalie constatée est reportée sur cinq rapports détaillés. Ces derniers seront dispatchés ensuite aux directions de l'agence concernée, régionale et générale. S'il y a bien des irrégularités, elles sont d'ordre technique ou liées aux chèques. Quant aux mesures à prendre, ces dernières ne sont nullement des prérogatives des membres des commissions d'inspection. «Elles n'ont pas ce pouvoir d'action.» Le témoignage de l'inspecteur principal de la BEA a été tellement attendu qu'il a été conçu comme une occasion propice pour le juge, le procureur général et la partie civile, de reconstituer les faits de l'affaire depuis son déclenchement à base de nouveaux éléments, en vain. C'est alors à partir des faits cités dans l'arrêt de renvoi que les parties ayant en main le dossier puisent des interrogations. C'est à partir des 41 traites (4,1 milliards de dinars) avalisées au profit de la Sotrapla par la Bcia et rejetées à la banque de compensation, le 13 avril 2003, que les débats ont commencé. Rejet qui a été expliqué par le motif de retard de présentation pour paiement. «Le retard a été accusé par les deux agences», a expliqué le témoin. Car, en principe, le traitement des formalités de contrôle et de vérification et l'acheminement des 41 lettres de change en question ne devaient pas dépasser quatre jours. Ces dernières étaient régulières dans leur forme. Ces traites escomptées par l'ex-directeur de l'agence n°74 au profit de la Sotrapla, ont été comptabilisées, a répondu le témoin. Sauf que le bénéficiaire a une ligne de crédit qui dépasse largement son capital social. Ce fut la question qui a préoccupé le juge. L'inspecteur principal fera remarquer que l'aval des traites pour escompte des crédits dépend de la potentialité du client. A ce sujet, il y a l'appréciation du directeur de l'agence, a souligné le témoin avant de rappeler qu'il y a une circulaire qui stipule que le client peut aller jusqu'à 20% au-delà de son capital. Pour sa part, le sous-directeur du service exploitation à la BEA, Djaâfri Bouhdjer, s'est montré parfois évasif aux questions des parties concernées, sinon ne voulant pas enfoncer davantage l'ex-directeur de l'agence n°74, mais insinuant qu'il y a bel et bien eu des dépassements dans certaines opérations. Dans ce chapitre bien nommé, le témoin, en sa qualité de sous-directeur de l'exploitation, chargé du suivi des demandes de crédit, mais qui a pris part, également, à l'inspection de 2001, confirme qu'à l'exception de la Sotrapla qui avait son dossier dé crédit, d'autres, par contre, ne l'avaient nullement. Sauf que pour le cas de Sotrapla, le montant qui lui a été alloué dans le cadre des escomptes a dépassé sa ligne de crédit. Et sur le plan formel, après l'aval d'une banque, le client a tiré son dû sans qu'il y ait une autorisation. Pour ce qui est du constat établi lorsque l'affaire a éclaté et le rôle qu'a joué ce dernier de tirer la sonnette d'alarme, Djaâfri renvoie la balle dans le camp de son directeur régional, Beghdadi Djamel, qui était absent et injoignable pendant un bon moment.