Les citoyens se préoccupent de la disponibilité des médicaments appropriés. La menace persistante d'influenza aviaire risque d'être plus inquiétante pour notre pays. Certes, les autorités concernées se disent prêtes à affronter une éventuelle pandémie, en mobilisant les moyens nécessaires pour cela, mais il existe quelques paramètres qui peuvent remettre en cause cette garantie. Le simple citoyen se préoccupe de la disponibilité des médicaments et de leur efficacité. Beaucoup s'interrogent, également, sur le rapport entre le vaccin de la grippe saisonnière et celui de la grippe aviaire. Le vaccin contre la grippe humaine saisonnière qui est élaboré chaque année, ne protège pas contre le virus de la grippe aviaire. Par contre, la vaccination contre la grippe saisonnière minimise le risque de co-infection et, a fortiori, le risque de réassortiment entre ces deux virus. La Direction générale de la santé est censée préconiser la vaccination contre la grippe saisonnière pour les catégories de populations les plus exposées et ceci exclusivement, lors des périodes de circulation du virus grippal saisonnier. Mais la situation est autre dans notre pays. La campagne de vaccination n'a pas pris la tournure voulue. En octobre 2006, le ministère de la Santé avait décidé de lancer une campagne de vaccination obligatoire et gratuite, visant les personnes âgées de 65 ans et plus, les personnes présentant des affections chroniques et les pèlerins à compter du 15 novembre 2006. Mais, au grand étonnement des concernés et des intéressés, le ministère de la Santé, avait décidé, par la suite, que cette campagne de vaccination n'était plus obligatoire et en plus, l'âge des personnes concernées devait être supérieur à 75ans! Sans toutefois signaler les autres catégories. Ce changement de programme était dû, selon les spécialistes, aux bruits qui ont accompagné l'annonce de cette campagne faisant état d'un manque crucial de vaccin antigrippal. Il a été rapporté que sur les 300.000 doses demandées, l'Institut Pasteur n'a pu recevoir que 250.000 doses. Pourtant, malgré la menace persistante de la grippe aviaire, il n'y a pas eu d'engouement pour le vaccin contre la grippe saisonnière vu les quantités de vaccin restées invendues dans les officines. Quant à la disponibilité du médicament contre la grippe aviaire, le ministère de la Santé avait indiqué qu'un stock de 10.000 doses de Tamiflu était disponible au niveau de la Pharmacie centrale. L'importation de 100.000 autres doses était prévue pour le mois d'avril 2006 alors que la disponibilité d'un million de doses était prévue pour cette année. Le ministre de la Santé, Amar Tou, a indiqué, également, qu'en 2007, l'Algérie aura un stock de 6,5 millions de cures de Tamiflu qui couvrira les besoins de 25% de la population. Une quantité imposée, selon le ministre de la Santé, par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cet argument n'est pas partagé par certains spécialistes qui pensent que certains pays arrivent à couvrir jusqu'à 45% de la population. Mais la polémique ne s'arrête pas au seul handicap de la proportion de la population qui aura le privilège de bénéficier de l'antiviral dans le cas d'une pandémie. Dans son programme, le gouvernement ne précise pas la période de réception des 7 millions d'antiviral Tamiflu. Selon le président-directeur général du groupe pharmaceutique Saidal, Ali Aoun, le laboratoire suisse Roche, détenteur de l'exclusivité de la production de ce médicament, avait un carnet de commandes qui vont au-delà de l'an 2009. D'autant plus qu'il faudrait stocker la production sans oublier d'éventuelles pertes lors d'une longue période de stockage. Dans ce cas de figure et à travers ces données, quelle stratégie adoptera le gouvernement? Notons, en outre, que le groupe Saidal s'est, également, lancé dans la fabrication du Saiflu en produisant dans un premier temps 50 mille boîtes, pour atteindre ensuite les 6 millions d'unités.