A peine annoncée, cette décision alimente déjà les débats. Le Conseil des ministres a entendu lundi une communication sur le rééquilibrage des tarifs relatifs aux services des téléphones fixes, présentée par le ministre des Postes et Télécommunications, M.Mohammed Maghlaoui, a indiqué un communiqué du Conseil. Ces rééquilibrages «aboutiront à une augmentation des tarifs des communications internes et à une diminution des tarifs des communications internationales» pour les téléphones fixes. Les tarifs des services des télécommunications «ont été, jusqu'à présent, déterminés de façon administrative sur une base politico-sociale, ce qui les maintenait artificiellement bas», a indiqué le ministre dans son exposé où il a estimé que «ceci n'est plus envisageable» notamment avec l'ouverture du secteur à la concurrence privée. Les tarifs en vigueur sur le marché national en matière de téléphones fixes «resteront encore plus faibles que les tarifs appliqués dans la sphère géo-économique de notre pays». Pour ce qui est des téléphones mobiles et qui interviendra pour l'international à compter d'août 2003, la méthode des subventions ne peut plus avoir cours, particulièrement à l'horizon 2005 qui verra l'ouverture totale du marché des télécommunications. Cette augmentation des tarifs aura sans doute un effet négatif sur les «bons payeurs». La gestion administrative du marché de la téléphonie n'a pas eu de conséquences sur les tarifications subventionnées. Les aspects négatifs se font sentir sur la politique de la gestion des lignes téléphoniques, en tant que potentiel économique. Cela étant, il donnerait droit aux clients au nombre de 1.800.000 abonnés, d'exiger que l'augmentation des tarifs soit accompagnée d'une réforme sérieuse dans le secteur de la téléphonie fixe. Cela passera par un meilleur traitement du phénomène de la surfacturation en premier lieu, ainsi qu'une prise en charge plus sérieuse dans le recouvrement des 20% des abonnés qui ne payent pas leurs factures et surtout l'autre tranche estimée à environ 256.000 titulaires de lignes, non identifiés grâce à des compteurs qui tournent à vide. Cette catégorie représente 10% du parc de la téléphonie du pays. A voir ces chiffres effarants, les bons payeurs trouveront anormal de payer pour les mauvais. Selon des chiffres des P&T, les deux catégories représentent, en terme arithmétique, environ 540.000, soit 30% du parc téléphonique. Une perte sèche évaluée à 600 milliards de centimes. Cette augmentation est-elle préconisée pour récupérer le manque à gagner? Sachant que les recettes de la téléphonie représentent plus de 75% du chiffre d'affaires de tout le secteur et les principales ressources pour tout investissement, le secteur des P&T finance seul ces investissements. A ce propos, des sources concordantes affirment que ces augmentations sont, au fond, justifiées par les gros investissements déclenchés avant le recouvrement des impayés et le règlement du phénomène des compteurs tournant à vide. Par ailleurs, l'autre point, susceptible de faire objet d'un débat, est relatif aux normes pratiquées dans l'environnement géo-économique. Comme l'a expliqué le ministre, les prestations commerciales sont-elles conformes aux normes internationales? Cela ouvre le débat sur une autre question, celle de savoir si les responsables du secteur cherchent à équilibrer la tarification sans mettre à niveau les prestations commerciales. A ce propos, les observateurs estiment que même si les tarifs en Algérie figurent parmi les plus bas dans le Bassin méditerranéen, il n'en demeure pas moins qu'au niveau des prestations, l'on dénombre peu d'actions visant à les améliorer entre les abonnés et l'administration des P&T. D'ailleurs cela n'a même pas été signalé dans la déclaration de Maghlaoui au Conseil des ministres. Cette augmentation systématique donnerait beaucoup à réfléchir sur les bienfaits de l'économie de marché, censée, selon les discours, améliorer aussi bien l'offre que les prix.