Les leaders de l'Instance condamnent avec la plus grande fermeté «ces attentats criminels, qui n'ont aucune justification, ni religieuse, ni politique, ni morale». Dans un communiqué adressé à la rédaction et signé par Abdelkrim Ould Adda, porte-parole de l'Instance exécutive du Fis dissous à l'étranger, il est précisé que cette représentation politique en Europe «condamne de la façon la plus énergique les attentats du 11 avril». Selon les propres termes du communiqué, l'Iefe, et «devant les opérations qui ont ciblé l'Algérie, peuple et Etat, et qui ont fait des morts -victimes innocentes- dans les rangs de la population, nous dénonçons et condamnant avec la plus grande fermeté ces attentats criminels, qui n'ont aucune justification, ni religieuse, ni politique ni morale». Le communiqué ajoute: «Nous refusons pareils procédés et nous refusons que la mort continue à faucher les vies algériennes de la sorte. Il faut que la souffrance du peuple algérien cesse et nous en appelons à concrétiser la réconciliation nationale.» Les membres de l'Instance lancent un appel «pour faire front uni contre les ennemis de la paix et de la réconciliation», tout en gardant le cap sur le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale comme «seul et unique projet pour faire sortir le pays de sa crise sécuritaire». Par ailleurs, l'Instance demande aux autorités «d'ouvrir plus les espaces politiques et de liberté, et d'arrêter la politique d'exclusion et de marginalisation, afin de permettre à tous les acteurs de contribuer à apporter un plus à l'effort de paix commun». Le communiqué en appelle enfin au président de la République pour consolider les mesures de paix et de réconciliation afin de donner de l'espoir aux Algériens, et contrecarrer les objectifs de ceux qui poussent vers la destruction. Le retour de Kebir, vers la fin de l'été dernier, les nouvelles idées qu'il avait émises et le large débat qu'il a suscité au sein de la classe politique et au sein de la mouvance islamiste, ont réactivé le climat. Partagés entre observation et hostilité, les partis ont tout de suite réagi au retour des chefs du parti dissous, chacun selon ce que lui dictait son idéologie ou son positionnement du moment. Mais tous avaient pu, à loisir, constater que les membres de l'Instance exécutive à l'étranger sont revenus avec des idées nouvelles et novatrices à la fois, et qui tendent, à la fois, vers une autocritique objective et sans complaisance de la mouvance islamiste elle-même, et s'articulent autour de la citoyenneté, le retour à la légalité institutionnelle par une juste évaluation du contexte politique passé et présent et une équitable réconciliation nationale. Les idées émises par cette Instance, et qui ont fait jaser autant Ali Benhadj, Abassi Madani ou Abdelkader Boukhamkham, ont eu l'effet de faire avancer la réflexion politique du courant islamiste vers plus de légalisme. Même si certains estiment qu'il faut discuter dans le cadre des «historiques» du parti dissous, ces mêmes chefs changent d'avis peu à peu, sous l'influence d'une réalité qui dépasse tout le monde, et Abassi Madani lui-même a reconnu, il y a quelques mois, qu'effectivement, il y avait d'autres moyens que le FIS, pour s'exprimer. Le débat politique proposé par l'Instance exécutive, pour peu qu'il fût appuyé, pouvait faire évoluer les contorsions islamistes vers plus de sérénité dans les rapports souvent houleux, voire explosifs avec les autorités. Les rencontres qui se sont succédé durant les deux mois de la présence du trio Kébir-Ould adda-Ghémati, et les contacts établis au plus haut point ont été, pour les observateurs, un signe qui ne trompe pas: les autorités cherchent, elles aussi, à pousser l'islamisme vers cette voie de légalité et de négociation.