Ambigu et prudent. Jean-Marie Le Pen s'est bien gardé de prendre une position claire sur le traité d'amitié entre l'Algérie et la France. Interrogé par L'Expression, sur sa position une fois à l'Elysée, le leader de l'extrême droite évite la polémique: «Il faut respecter l'histoire. Même si on voulait provoquer une rupture entre l'Algérie et la France, ce serait impossible, les deux pays ont une trop longue histoire commune». Le chef de file du Front national s'est exprimé lors d'un point de presse organisé jeudi au Centre d'accueil de la presse étrangère de Paris (Cape). Entouré par une armada de journalistes venus de différents pays, M.Le Pen ajoute que «la France et l'Algérie ont des relations très particulières. Il faut faire de sorte à établir des relations positives fondées sur le respect mutuel et à écarter la confrontation verbale». Que propose-t-il? «On n'oublie pas et l'on ne peut pas oublier le passé. Mais on ne doit pas non plus le mettre au-devant de la scène» estime Le Pen. Effectivement, M.Le Pen ne met pas en scène son passé d'officier de l'armée française acteur de «la bataille d'Alger». Dans sa logique, les sept années de guerre et de sang, ne sont plus que des «événements» qui se sont déroulés, pas entre Etat et Etat, ni peuple contre peuple, mais sur un territoire alors sous souveraineté française. Il est le seul candidat à l'Elysée qui ait des liens générationnels avec l'Algérie. Par ailleurs, interpellé sur l'Iran et le nucléaire, Le Pen déclare qu'il ne voyait pas pourquoi «cette grande nation et grande civilisation devrait être empêchée d'accéder à cette technologie nucléaire. Pourquoi ce qui est permis à Israël et aux USA ne l'est pas à d'autres. On doit donc désarmer tous les pays qui en possèdent», s'est-il exclamé. Là aussi, le conférencier confirme une nouvelle fois, ses positions politiques envers Israël. Il prend finalement la défense du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. «Le nucléaire est une arme dont on ne se sert pas, puisque celui qui s'en sert est certain d'être détruit dans les minutes qui suivent.» C'est un message fort envers l'Etat israélien. Le Pen est l'un des partisans de ceux qui haïssent le plus les juifs qu'il faut «éliminer de la carte.» S'expliquant sur le vote des juifs de France, Le Pen a tiré à boulets rouges sur son rival de l'UMP, Nicolas Sarkozy. «Un point fort joue en faveur de Sarkozy: il est juif de sa mère.» C'est la énième fois que Jean-Marie Le Pen embête Nicolas Sarkozy sur ses origines. Il l'a déjà accusé dêtre fils d'un père émigré d'origine hongroise. Enfin, l'invité du Cap, a annoncé «une grande surprise» pour le premier tour de demain. «Ça serait un Jospin 2007». La surprise? Le Pen annonce la couleur. «Ce n'est pas le fait que je sois qualifié au deuxième tour. Cela n'est pas une surprise, car je l'ai déjà été en 2002.» La surprise est de voir «l'un des deux candidats qui monopolisent les sondages et les médiats absent pour le tour final».