L'organisation des pays exportateurs de pétrole est sollicitée pour augmenter sa production afin de stabiliser les prix. Le rapport mensuel du cabinet spécialisé Center For Global Energy Studies (Cges) oriente son analyse dans ce sens: «Les quotas de production décidés par l'Opep, l'année dernière ont réussi à fixer un plancher pour les prix pendant un hiver inhabituellement doux, mais ils ont conduit le marché d'une situation de surabondance à un état de pénurie.» On est bien loin des spéculations qui ont entouré l'application des décisions de l'Opep concernant la réduction de sa production pétrolière pour enrayer la chute infernale du prix du baril de pétrole. Les pires scénarios ont été élaborés pour les économies mono-exportatrices dépendantes des hydrocarbures à l'exemple de l'Algérie. Le spectre des années de crise a ressurgi. A la veille du sommet d'Abuja, en décembre 2006, Michael Davies, analyste à la maison de courtage Sucden, déclarait: «Il reste une dose d'incertitude quant à l'issue de cette réunion. Les investisseurs se demandent si l'Opep est prête à décider d'une nouvelle baisse de production ou pas.» L'Opep a annoncé une baisse de sa production de 500.000 b/j à partir de février 2007. Les spéculations ont repris de plus belle. Certains experts ont tablé sur l'indiscipline, les désaccords et la forte probabilité de l'incapacité de l'Opep à mettre en pratique ses décisions. Faisant la sourde oreille à toutes ces spéculations, le baril de pétrole a entamé sa résurrection. Le contexte géopolitique a fait le reste. Violences au Nigeria, plus de 200 morts pendant les élections générales. Le «géant africain» du pétrole est ralenti dans sa production. Un climat d'instabilité politique inquiète, après les fraudes constatées durant les divers scrutins qui ont débuté le 14 avril. La dernière en date et non des moindres, qui est contestée, fut l'élection du nouveau président, Umaru Yar'Adua. Le passage de témoin risque d'être ardu. A un autre niveau, les tensions autour du dossier iranien, concernant le nucléaire, ne sont ni plus ni moins qu'une crise larvée, latente, dont la déflagration peut surgir à tout instant. La libération des 15 marins britanniques faits prisonniers par Téhéran, a quelque peu fait baisser la tension. Les esprits sont braqués ailleurs. Bourbier irakien, terrorisme international, l'Afghanistan, la Palestine et tant de conflits «oubliés». Le marché de l'or noir est d'une extrême sensibilité aux conflits et aux inquiétudes géopolitiques. Surtout lorsqu'ils touchent les pays gros producteurs de pétrole. Les raffineries occidentales ont besoin d'augmenter leurs stocks. Leurs économies en dépendent. Le Center for global energy studies (Cges) estime la production de l'Opep à 30,7 millions de barils/jour pour que les stocks atteignent un niveau jugé «confortable». L'Opep le situe à 30,3 mbj, alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime dans son dernier rapport que l'Opep, dont l'offre a atteint 30,1 mbj en mars, a égalé le niveau de janvier 2005. La remontée spectaculaire du prix du baril de pétrole inquiète. Il est passé de 50 dollars le 18 janvier dernier, lorsqu'il avait atteint son plus bas niveau depuis le mois de mai 2005, à plus de 67 dollars pour le brent de la mer du Nord. Les intérêts des uns et des autres ne semblent pas converger. Quelle sera la réaction de l'Opep face aux préoccupations des pays consommateurs de pétrole, notamment les pays industrialisés? La clé du problème dépend du prix du baril de pétrole.