Des enquêtes laborieuses ont été menées tant au niveau national qu'international pour identifier divers dysfonctionnements en matière de gestion financière. Le président-directeur général de Tonic Emballage, Abdelghani Djerrar est en prison depuis jeudi dernier. Il est écroué pour le motif de non-remboursement à temps de la dette contractée auprès de la Banque Badr, accompagnatrice de son projet d'investissement et de développement. Il rejoint la liste des hommes d'affaires algériens poursuivis en justice à l'issue de prêts qui leur ont été octroyés par différentes institutions bancaires publiques. Cependant, cette affaire n'est-elle que la face visible de l'iceberg? Une chose est sure, l'inquiétude des entrepreneurs et chefs d'entreprise algériens est grandissante. En effet, des informations font état de la mise dans le collimateur de la justice de deux autres grands patrons privés. Ce qui confirme qu'il s'agit, véritablement, d'une opération d'envergure qui tend à expertiser le fonctionnement de ces entreprises qui ont, pour la plupart d'entre elles, bénéficié de prêts bancaires importants. Opération qui serait en cours depuis plus d'une année et qui est à un stade très avancé. Des enquêtes laborieuses ont été menées tant au niveau national qu'international pour identifier divers dysfonctionnements en matière de gestion financière. Nos sources affirment, également, que tous les hommes d'affaires ayant obtenu des largesses au niveau des banques publiques seront appelés à s'expliquer devant la justice. A noter que l'arrestation du patron de Tonic Emballage reste, aux yeux des observateurs, énigmatique puisqu'elle survient après que les deux parties soient arrivées à trouver un accord final pour le remboursement de la dette selon un calendrier préétabli. «Un quart de la dette devait être réglé à brève échéance et le total au bout d'une année» souligne Rabahi Hamid, le chargé de la communication du groupe Tonic. Aussi, cette entreprise florissante est sur le point de lancer une nouvelle usine d'une capacité de production de 145.000 tonnes de papier par an avec la création de centaines d'emplois. Un indice très révélateur de la santé financière de l'entreprise en question et surtout sur sa solvabilité. Cet investissement colossal permettra d'accroître les capacités de remboursement de la dette et donnera plus de poids au groupe Tonic qui vise la réduction, d'un quart des importations en matière de papier dont la facture globale coûte quelque quatre cent millions de dollars au trésor public. Une chose est sûre: certaines organisations patronales ont tenu à relever le dysfonctionnement du système bancaire algérien qui pénalise les investisseurs. Dans le cas précis du groupe Tonic, il y a lieu de relever que cette entreprise présente des garanties importantes auprès de ses créanciers, du moment qu'elle repose sur des actifs en matière d'équipements et de matériels en mesure de servir d'hypothèque, le cas échéant. Ce que l'on peut désormais appeler l'«affaire Tonic» a tout l'air d'une suite de l'opération d'assainissement entamée par les autorités algériennes dans le milieu des affaires et de l'investissement privé et qui a déjà visé le groupe Khalifa et Blanky. Dans le cas de Tonic, la justice n'a pas attendu le rapport des différentes commissions d'audit diligentées par les services concernées pour expertiser la comptabilité et la santé financière de l'entreprise. Une des commissions d'audit en question est, actuellement, sur le terrain pour éplucher les comptes et la gestion de Tonic Emballage. La thèse de l'insolvabilité de l'entreprise est démentie par l'avocat du groupe, Me Zeraïa qui a annoncé à la presse nationale que la décision du juge intervient 24 heures seulement après que Djerrar et le P-DG de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) soient arrivés à un accord final pour le règlement du litige financier et de préciser qu'«entre 2006 et 2007, Tonic Emballage, a épongé une somme de 11 milliards de dinars sur l'ensemble de la dette et les deux expertises réalisées sur ses activités lui ont été favorables.» Arguments qui paraissaient suffisants pour ne pas inquiéter son client, surpris jeudi dernier par son interpellation et sa mise sous mandat de dépôt. Me Zeraïa note que «l'affaire n'a rien de pénal et est d'ordre purement financier». D'autant plus que la nouvelle usine allait régler définitivement le contentieux existant avec la Banque. Dans l'entourage du mis en cause, l'on ne comprend pas les motivations qui ont poussé le magistrat en charge du dossier de décider de la mise aux arrêts, à Serkadji, de M.Abdelghani Djerrar. Pour rappel, le complexe Tonic Emballage de Bou Ismaïl s'est taillé, ces dernières années, la part du lion en matière de production et de commercialisation du papier en variant sa gamme en direction de sa clientèle locale qui se voit déchargée des inconvénients des procédures d'importation et des effets négatifs du bouleversement de la Bourse sur le marché international du papier. A ce sujet, M.Hamid Rabahi a tenu a réconforter les partenaires de l'entreprise sur le respect des engagements de la société Tonic Emballage qui continue à fonctionner le plus normalement du monde et qui s'apprête, la semaine prochaine, à inaugurer sa seconde usine de production devant recycler 200 tonnes de déchets de papiers collectées chaque jour. Affaire à suivre.