Un vent de contestation souffle sur l'entreprise Michelin implantée à Alger. Le personnel est en grève depuis dimanche. Ce débrayage risque de durer. Jusqu'à hier après-midi, aucune prise de contact ne s'est concrétisée entre les travailleurs grévistes dépourvus, par ailleurs, d'une représentation syndicale et les responsables de l'entreprise. Autrement dit, aucune initiative de règlement du conflit n'est envisagée entre les deux parties. Quant à la nature du conflit, les versions diffèrent d'un bord à l'autre. Les avis, recueillis auprès de l'un des responsables du service commercial, ayant préféré s'exprimer sous le sceau de l'anonymat, sont loin de corroborer la version mise en avant par beaucoup parmi les travailleurs de Michelin. Selon ledit responsable, ce qui a provoqué la contestation au sein de l'entreprise Michelin, a trait à l'augmentation des salaires qui intervient régulièrement à chaque fin de mois de mai. Ainsi, et à se fier toujours à notre interlocuteur, «certains travailleurs ne pouvaient bénéficier de cette augmentation en raison de leurs absences répétées» nous confie-t-il. Il ajoute que les concernés par cette mesure ont, aussitôt, observé un piquet de grève, et par esprit de solidarité, beaucoup d'autres travailleurs se sont ralliés à leur mouvement. Cependant, du côté des travailleurs, beaucoup d'entre eux considèrent que cette histoire d'augmentation de salaires, qui n'a pas été concrétisée comme de coutume en cette fin de mois de mai, n'est que la face visible de l'iceberg. L'arbre qui cache la forêt. En d'autres termes, le personnel de Michelin dénonce l'abus d'autorité pratiqué par certains responsables. «Notre mouvement de grève est tout à fait spontané et se veut une réponse claire aux comportements véhéments des responsables à l'égard du personnel de Michelin» indique un des gréviste. «On a tenté, à maintes reprises, de faire valoir nos doléances ayant trait à nos conditions de travail, et à chaque fois, les responsables font brandir la menace d'un licenciement en répliquant, notamment, que plus de 3000 demandes de recrutement sont en instance», déclare un autre employé. «Ce qui se passe dans cette entreprise n'est assimilable qu'à une pratique d'asservissement (...) même les accidents de travail sont camouflés», s'indigne un troisième. De ce fait, il est clair que le torchon brûle entre le personnel de Michelin et les responsables de cette entreprise. Le refus de reprendre le travail est aussi valable pour aujourd'hui. Affaire à suivre.