Cette situation peut engendrer la perte de 1 500 postes d'emploi. Véritable fléau national, la contrefaçon fait des ravages. Ce phénomène fait perdre 500 millions de dinars par an à l'entreprise BCR. Une perte qui représente 25% du chiffre d'affaires du groupe, estimé à 240 milliards de centimes. C'est ce qu'a affirmé hier, sur les ondes de la Chaîne III, le président-directeur général de BCR, Mohamed El Hadi Louadfel. Cette situation peut engendrer la perte de 1500 postes d'emploi, si aucune solution n'est trouvée. Le produit BCR est le premier à être contrefait et ce, depuis 1998 à 2006. Selon le président-directeur général, tous les produits BCR sont contrefaits, même les robinets de gaz. «Quand l'imitation touche à la sécurité des citoyens, il y a lieu de s'inquiéter», a-t-il indiqué. L'entreprise a mené plusieurs actions pour limiter les dégâts. Il s'agit de la formation en 2004 de près de 150 agents de contrôle de la qualité pour distinguer le vrai du faux produit BCR. Les responsables ont espéré par ailleurs, faire la même chose avec les douanes, mais cela n'a pas abouti, selon le P-dg. L'entreprise BCR a déposé dix plaintes contre des contrefacteurs, seules quatre ont abouti par des jugements «dérisoires». Pour M.Louadfel, la lutte contre la contrefaçon n'est pas l'affaire du seul opérateur. C'est l'exigence de professionnalisation au niveau de tous les intervenants et l'importance du poste de contrôle, selon lui. D'ailleurs, certains experts estiment que l'absence de communication entre les services des douanes et les industriels, accentue la propagation de ce phénomène. Le P-DG a tenu à signaler qu'il y a urgence à trouver des solutions radicales et d'instaurer un système de contrôle systématique par les services des douanes aux frontières (pour les produits normalisés) afin de limiter les effets de la contrefaçon. On estime à 41% le taux de produits locaux contrefaits. Le même taux est avancé pour les produits importés dont, indique-t-on, 18% ne sont pas identifiés. Les efforts consentis par les pouvoirs publics n'ont pas réduit le phénomène qui, depuis plus d'une décennie est, dit-on, «ravageur» car n'épargnant aucun secteur. Outre le dispositif législatif de lutte contre la contrefaçon, des actions ont été initiées dans le même sens par le ministère du Commerce. Les importateurs sont tenus, obligatoirement, de remplir en langue arabe la feuille de déclaration de leurs produits, conformément à un nouveau décret entré en vigueur à partir de juin 2006. Tout produit ne mentionnant pas ces données sera considéré comme «le fruit d'une contrefaçon». Cependant, le ministère du Commerce ne peut agir qu'à la base des plaintes déposées par les opérateurs. Selon les responsables, 34 requêtes ont été enregistrées en 2005 et 15 en 2006. Malgré ces efforts, l'ampleur que prend le phénomène de la contrefaçon fragilise l'économie nationale. Celle-ci est menacée: un lourd manque à gagner en matière de revenus fiscaux pour l'Etat, des industries fragilisées, un investissement national découragé et des postes d'emploi perdus. Une évaluation sommaire de l'impact économique de la contrefaçon montre que le manque à gagner annuel sur les recettes de l'Etat est de 38,5 millions de dinars en taxes sur l'activité professionnelle (TAP) et de 333,8 millions de dinars en taxes sur la valeur ajoutée (TVA). Les spécialiste expliquent qu'en plus de porter atteinte à l'économie nationale et à la santé du citoyen, cela va retarder l'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).