Selon lui, les techniciens locaux sont dévalorisés. Quand Mahieddine Khalef intervient dans un débat, il suscite de l'intérêt. Il ne s'agit tout de même pas de n'importe qui et on n'a pas besoin de répéter tout ce qu'il a représenté dans le football algérien. L'homme est assez connu et n'a pas besoin que l'on fasse éternellement étalage de son palmarès. Pourtant, il s'est fait un point d'honneur à rappeler quelques-unes des étapes de son long parcours lors de son passage, hier matin, au Forum de l'hebdomadaire Echibek, notamment après qu'on l'ait présenté comme l'homme de Gijon, en référence au match gagné de la Coupe du monde de 1982 contre la RFA. «Je crois qu'on se focalise trop sur cette période qui semble vouloir dire que ma carrière s'arrête là, a-t-il dit. Pourtant il y a eu un avant et un après 1982. J'ai, ainsi, participé à l'accession de la JSK de la division 2 à la division 1, à la conquête du premier doublé du club en 1977, à son premier titre africain en 1981. Avec l'équipe nationale, j'étais de l'épopée des Jeux méditerranéens de Split en 1979 lorsque nous avions raté la médaille d'or, de la CAN 80 dont nous avions atteint la finale au Nigeria, des JO de Moscou en 1980 où nous avions été la première nation arabe à passer le 1er tour de la CAN 1982 en Libye où nous aurions dû être champion, de la CAN 1984 en Côte d'Ivoire que nous avions quittée sans avoir perdu un seul match. Tout cela a été réalisé par un entraîneur algérien.» Cette dernière phrase l'a amené à insister sur la «dévalorisation» des coaches algériens. «Je ne cherche pas à critiquer les entraîneurs étrangers mais je tiens à dire que le produit algérien mérite qu'on lui fasse confiance. D'ailleurs, il est exportable puisque Saâdane est réclamé de partout et que Benchikha vient de signer avec le Club Africain de Tunis. Il y a même des étrangers qui se font un nom chez nous, puisque Jean Yves Chay a été recruté par le Raja de Casablanca. Le drame, chez nous, c'est que nos techniciens sont soumis à une trop forte pression due à l'exigence de résultats immédiats. Il en résulte une instabilité qui va à l'encontre des intérêts du club et de ceux de l'entraîneur. En outre, la corporation ne se renouvelle pas en raison de l'absence d'une école d'entraîneurs de football. Il y a bien l'Ists pour cela, mais à mon avis, de tels techniciens doivent venir en complément. Je suis de ceux qui défendent la thèse qu'il faut, dans chaque club, un empirique et un scientifique». Par ailleurs, Khalef voit d'un mauvais oeil la venue en masse de joueurs étrangers dans notre championnat. «A mon avis, pour la plupart, ils ne sont là que pour trouver un club en Europe. Ils n'apportent pas le plus que l'on peut attendre d'eux. De ce fait, ils bloquent l'incorporation dans l'équipe de jeunes joueurs algériens qui ont besoin de s'épanouir». Concernant le match Algérie-Guinée de samedi prochain, il prévoit une victoire des Verts. «Selon mon expérience, quelle que soit la force de l'adversaire, il n' y a pas de raison d'être inquiet pour notre équipe nationale. C'est aux Guinéens de nous craindre. Surtout qu'il y a quelques jours, il y a eu le match contre l'Argentine où nous avons démontré que nous avons une équipe nationale compétitive. On a vu à Barcelone un grand Onze national. J'ajoute que le match de samedi sera marqué par la présence en masse de supporters algériens. Quand on a le public avec soi, c'est une force supplémentaire. L'entraîneur de la Guinée, Robert Nouzaret, en sait quelque chose. Il a entraîné le Mouloudia d'Alger et sans le grand public de ce club beaucoup de matches n'auraient pas été gagnés.». Actuellement consultant à la chaîne de télévision ART, Mahieddine se dit prêt à rendre service au football algérien dans un cadre concerté, mais il ne se voit pas y revenir en tant qu'entraîneur. «Il y a trop d'anarchie à ce niveau. C'est pourquoi je me suis retiré du circuit dès 1989, après l'abrogation du Code de l'EPS, car je savais que nous allions nous diriger vers la situation actuelle», dira-t-il. Pour ce qui est de la dualité-Coupe arabe-Coupe d'Afrique, Khalef estime que la compétition arabe est intéressante «car elle apporte l'expérience. Elle contribue, également, à donner plus de piment au Championnat national puisqu'en dehors du champion, d'autres clubs peuvent s'y qualifier. Et puis, contrairement à ce que l'on prétend, il y a de bonnes équipes qui participent à la Coupe arabe».