Le RCD voudrait être le champion de l'opposition, faute de ne pouvoir figurer dans les combines du pouvoir. «Les réponses apportées par le chef du gouvernement ont conforté le RCD dans ses prises de position énoncées par ses députés», ainsi commence le communiqué rendu public par le groupe parlementaire du groupe de Saïd Sadi, suite aux réponses de Belkhadem. «Sans surprise, le chef du gouvernement s'est détourné du chapitre relatif à la bonne gouvernance, réduite au renforcement des pouvoirs déjà exorbitants du wali», ajoute-t-on. Le RCD estime qu'il y a urgence à programmer le statut de l'élu, pour clarifier les rôles des instances exécutives. Belkhadem a toutefois annoncé sa programmation dans son allocution de jeudi dernier devant l'APN. Mais le RCD gagne un point sur le chapitre du Code de l'information. La réponse de Belkhadem n'annonce, en effet, ni ouverture ni fermeture de l'audiovisuel. Elle manque de clarté. «Interpellé par l'absence de justice devant le crime, contenue dans les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, M.Belkhadem a choisi, là aussi, le silence alors que cette option est la pierre angulaire de sa politique», relève le RCD. Le PT demande, de son côté, un bilan de sa mise en oeuvre; bilan qui devrait être soumis à l'appréciation de l'APN. «Le PT considère que le rétablissement de la paix doit être couronné par la restauration des libertés démocratiques», note un communiqué rendu public. Les deux partis n'ont pas approuvé le programme du gouvernement. Le RCD a voté contre pendant que le PT s'est abstenu, rappelle-t-on. Le PT voit d'un mauvais oeil l'amendement de la loi relative aux partis politiques, la loi électorale, et celle relative aux manifestations publiques qui représentent, de son point de vue, «une régression des acquis démocratiques». Comme on le constate, les discours du PT et du RCD soulèvent les mêmes préoccupations. Le PT reste pointilleux sur le détail pendant que le RCD s'adonne à des critiques vagues, usant de généralités, sans argumenter son propos. C'est dire que les deux partis de l'opposition, les derniers avec le FNA qui meublent les couloirs de l'Assemblée, sont en train d'opérer une permutation des rôles. Autrefois, quand le gouvernement était jusqu'au-boutiste dans l'option sécuritaire, le PT était champion de l'opposition. Il mettait le pouvoir face à ses propres contradictions. Il faut dire qu'il y avait à ses côtés le FFS et Islah pour tempérer les ardeurs d'un pouvoir qui naviguait à vue. Le RCD était aux côtés de ce même pouvoir, faisant front contre l'opposition. Aujourd'hui, le RCD note que Belkhadem a oublié sa copie originale de la paix et la réconciliation, alors que le PT ne demande qu'un simple bilan de sa mise en oeuvre. Le RCD semble avoir perdu la main, en raison de sa longue absence de l'hémicycle pendant les cinq dernières années. La dénonciation systématique du pouvoir deviendra, au fil des jours, une routine fatigante. On peut déjà parier que dans moins d'un an, personne ne sera emballé par ce discours. Il y a une évolution évidente chez l'homme de la rue que les politiques ne semblent pas avoir détectée. Le PT verse, par contre, dans le soutien critique du pouvoir en place. Il se déleste de son ancien discours de dénonciation pour un autre plus peaufiné, plus convaincant, plus réaliste, même si les électeurs préfèrent le discours musclé, de préférence bétonné d'arguments. Le PT s'est «normalisé», vous diront les sceptiques. Il a simplement évolué, en même temps que la société dans laquelle il tire sa substance. Le gouvernement fait ce qu'il peut. Faute de ne pouvoir nous apporter la lune, il nous sert les mêmes recettes, question de prouver que si le monde est ainsi c'est qu'il ne pouvait être autrement. Il a les meilleurs hommes pour réaliser le meilleur programme du monde.