Des événements et autres impératifs ont retardé l'échéancier, à savoir la maladie de Bouteflika et les législatives. Le texte d'amendement de la Constitution devrait passer, incessamment, devant les deux chambres réunies du Parlement. Certaines sources proches de l'APN situent ce rendez-vous au 11 juillet, pendant que d'autres estiment qu'il aura lieu le 28 du mois courant. Selon Mira du RCD - député de l'opposition qui ne pourrait être dans le secret des dieux - le bureau de l'APN a déjà tranché. Mais cette information est démentie autant au niveau du bureau de l'Assemblée que par les groupes parlementaires. Le chef du groupe du FLN, Layachi Daâdoua, est catégorique: «Il n'y a pas eu de rencontres, ni officielles ni semi-officielles.» Pourtant, des contacts intenses sont en cours au sein même de ce groupe, indiquent des sources parlementaires. L'amendement de la Constitution devrait être avalisé par les deux chambres réunies, sans débat, précise-t-on. Les amendements devraient toucher l'article 74 relatif à la limitation des mandats et les dispositions se rapportant à la répartition des pouvoirs. La procédure va connaître un coup d'accélérateur afin de mettre un terme aux spéculations, dit-on. Belkhadem avait été, rappelle-t-on, la première personnalité politique à insister sur la révision de la Constitution. Ce choix n'a pas été partagé, au départ, par ses pairs de l'Alliance présidentielle. Mais depuis que le président Bouteflika l'a évoqué, ils ont changé d'avis en se rangeant derrière les thèses du FLN. Le projet d'amendement n'a pas évolué. D'autres événements d'importance l'ont totalement occulté, à savoir le dossier Khalifa puis les élections législatives. La manière dont ont été menées les élections et le taux d'abstention historique ont donné des sueurs froides à Bouteflika qui est aussitôt sorti sur le terrain pour prouver que sa popularité est restée intacte malgré l'échec de ses principaux alliés. Dans un premier temps, il a mis en quarantaine le staff gouvernemental, lui infligeant ainsi une punition, somme toute courte, mais humiliante, et reculé l'installation de l'APN. Puis, dans un second temps, il a reconduit la même équipe et est allé tester le pouls des masses. Les images de bains de foule ont montré que Bouteflika disposait encore de sa popularité. Certains observateurs vous diront que les «équilibres» ont abouti à cette combinaison d'immobilisme. En contrepartie, on cède sur le projet d'amendement de la Constitution auquel il tient, assure-t-on, comme à la prunelle de ses yeux. On l'a vu, il est ressorti rajeuni, totalement guéri de sa maladie qui l'avait empêché, pendant une longue année, de parfaire sa politique de réconciliation nationale et de dynamique économique. Il ne s'est jamais porté aussi bien. C'est le moment d'agir. Il ferme l'oeil sur l'échec des législatives, donne le temps à Zerhouni de réfléchir afin de trouver une issue honorable pour ne point rééditer le scrutin bâclé. Il laisse l'équipe gouvernementale, au palmarès peu reluisant, en poste. Il se contente d'une APN, issue d'un scrutin offrant peu de légitimité, fragilisée, peu crédible, qui ne peut donner le change, ou encore d'un Sénat qui veut faire de l'opposition à un Belkhadem qui porte, pourtant sur ses épaules, la charge du programme présidentiel auquel s'identifie le tiers désigné. Le Parlement algérien n'a jamais été autant vulnérable. Les listes de candidatures ont été aseptisées à la base de façon à ce qu'aucune voix ne fasse objection aux grands choix qui engagent la nation. Et ce n'est pas le RCD qui prouvera le contraire. Une fois programmé, l'amendement de la Constitution sera adopté, sans surprise, par les deux-tiers du Parlement. Dès lors, on s'attellera à chercher les formules soporifiques pour faire passer les locales sans heurter la sensibilité des électeurs. Cependant, certains observateurs affirment que le chef de l'Etat pourrait soumettre le projet de révision de la Constitution à un référendum populaire, comme ce fut le cas pour la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Et une fois approuvé, aussi bien par les deux chambres du Parlement que par le peuple, le projet de révision constitutionnelle serait ainsi un autre plébiscite pour le chef de l'Etat, qui pourrait, ainsi, briguer un troisième mandat. Les bains de foule enregistrés lors de ses dernières sorties dénote sa cote de popularité.