La première foire spécifique des produits algériens en Irak a été inaugurée hier à Bagdad par le ministre algérien de l'Industrie et de la Restructuration, M.Abdelmadjid Menasra, et le vice-président irakien, M.Taha Yacine Ramadhane. Les 83 entreprises présentes à cette manifestation, qui durera jusqu'au 23 de ce mois, tentent de s'introduire dans le marché irakien. «La concurrence est rude», avoue l'un des participants, «surtout face aux Asiatiques», précise-t-il. La veille, le président de l'Exécutif vietnamien terminait une visite officielle et de nombreux opérateurs chinois arpentaient les couloirs du ministère du Commerce à Bagdad. Au-delà des officialités protocolaires qui ont caractérisé la rencontre de M. Menasra avec le ministre du Commerce et celui des Transports irakien, c'est tout un enjeu stratégique qui se profile à l'horizon des relations entre les deux pays. M.Mohamed Salah Mehdi, ministre du Commerce, a déclaré vendredi lors d'une rencontre avec la délégation algérienne au siège de son département que «le niveau de la coopération économique doit s'élever à celui des positions politiques». Cependant, aussi bien les opérateurs algériens que M.Menasra ont soulevé les divers obstacles et insuffisances dans cette perspective. L'on attend beaucoup de l'accord de création d'une zone franche signé en octobre entre les deux parties et qui permettra une baisse de 10 à 5% du prix des produits algériens sur le marché irakien. Lors de la 10e phase (2e semestre 2001) du programme onusien « Pétrole contre nourriture », le volume des exportations algériennes a plafonné à seulement 100 millions de dollars. Les opérateurs algériens ont insisté, lors de la rencontre de vendredi, sur la lourdeur affichée par l'administration. M.Menasra a estimé, pour sa part, que le protocole d'accord entre l'Algérie et l'Irak reste «étroit dans les volumes et les horizons», tout en soulignant que des entreprises viennent à Bagdad pour la première fois, comme gage de la volonté «offensive des Algériens». Et si promesse a été faite par les Irakiens de hausser les volumes d'importations, il reste encore des dossiers non résolus, comme celui de la Snvi. D'ailleurs, les Irakiens ont opté pour la construction d'une usine de montage, en partenariat avec les Algériens, et dont M.Menasra devra visiter le site aujourd'hui. Notons que parallèlement à cette foire, Bagdad connaîtra très prochainement une autre foire libanaise consacrée au secteur des constructions et qu'une foire syrienne est toujours ouverte. L'Algérie est ainsi confrontée à une rude concurrence. Et derrière l'affabilité des Irakiens se cache un sens aigu des négociations. Les discussions hier matin entre le ministre des Transports irakien et M.Menasra autour du projet de réalisation du transport par rails sont restées ouvertes.