La révision de la loi électorale n'intéresse pas les sénateurs. C'est du moins ce qui ressort de la séance plénière tenue, hier, à la chambre haute du Parlement algérien, consacrée à la présentation et au débat de ce texte de loi. Seule une quinzaine de sénateurs s'est inscrite sur la liste des intervenants, à la surprise de tout le monde, y compris de M.Yazid Zerhouni, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Les rares sénateurs qui ont voulu prendre la parole ont applaudi les propositions du gouvernement avec quelques réserves. C'est le cas des élus du RND qui se sont alignés sur la position de leurs collègues députés. M.Hocine Daoud, qui, tout en reconnaissant que le changement est imposé par les résultats des dernières législatives qui ont traduit un grand désintéressement des électeurs, estime que les solutions du gouvernement ne sont pas en mesure «de traiter la source du problème.» M.Daoud exhorte le gouvernement à injecter des mesures complémentaires, à savoir la révision des codes communal et de wilaya. «Dans la majorité des communes, les élus voient leurs prérogatives réduites par l'intervention abusive de l'administration.» Son collègue, M.Abbas Lakès, regrette l'attitude des députés qui ont fait baisser le taux de parrainage pour les indépendants et les «petits partis», «cela prouve qu'ils ne sont pas bien informés sur ce qui se passe sur le terrain». Abbas a demandé au gouvernement d'être plus «sévère à l'égard des candidats fantaisistes». Le RND qui s'est démarqué de ses alliés stratégique veut aller plus loin en proposant d'introduire un article répressif, qui prévoit «une peine d'emprisonnement pour les marchands des voix des électeurs». Le FLN, quant à lui, défend que «ce projet consacre la transparence et la démocratie», souligne M.Karim Arbaoui. Quant au MSP, il s'est interrogé, par le biais de son représentant, M.Mokrani Benaceur, si les grands partis ne sont pas à l'origine de l'échec des législatives, en tenant «un discours politique en rupture avec les préoccupations des citoyens». Le RCD, lui, est convaincu que les amendements apportés à la loi électorale restent puérils, «sans une volonté politique de jeter les bases d'une véritable démocratie». Mohamed Akli Zemouri rend le gouvernement comme «l'unique responsable de l'abstention record du 17 mai» citant «son impuissance à régler les problèmes des citoyens, à leur tête la crise de logement et le chômage». A l'image de celle des sénateurs, la réponse du ministre de l'Intérieur était très brève. Ce dernier s'est contenté de rappeler que l'objectif de cette loi étant de traiter une situation d'urgence. D'autres textes viendront renforcer la pratique démocratique dans le pays, à travers, notamment, les nouveaux codes communal et de wilaya. Zerhouni a déclaré enfin que sur les 1541 communes, dix seulement connaissent actuellement des problèmes avec l'administration. Rappelons que le projet d'amendement de la loi électorale sera soumis, ce matin, au vote.