Ils réclament l'effacement total de leurs dettes et l'élaboration d'un statut particulier Les chauffeurs de taxi sont insatisfaits. Une grève est inévitable si les pouvoirs publics ne prennent pas en charge leurs revendications. L'annonce a été faite, hier, par le président du Comité national des chauffeurs de taxi (Cnct), Hocine Aït Braham. Le débrayage prévu après le mois sacré du Ramadhan, concernera la wilaya d'Alger. En effet, une assemblée générale a réuni les chauffeurs de taxi affiliés à l'Ugcaa au siège de l'Union. Le règlement du problème des impôts et l'élaboration d'un statut particulier sont les principaux points formulés, hier, dans la plate-forme de leurs doléances. «Les problèmes discutés lors des différentes rencontres avec le ministère des Transports n'ont, à ce jour, pas été résolus», s'insurge M.Aït Braham. Celui-ci fait part de l'inquiétude de la corporation, inhérente aux sommes colossales imposées par l'administration fiscale. «Nous sommes face à une situation catastrophique vis-à-vis des impôts parce que les services du fisc ne prélevaient pas d'impôts sur l'activité des taxieurs. Aujourd'hui, on exige des chauffeurs de taxi le paiement des arriérés en impôts accumulés depuis 30 ans. Le cumul peut aller pour beaucoup jusqu'à 50 millions de centimes. Les taxieurs doivent aussi s'acquitter dans leurs charges fiscales de taxes comme la TVA qui est très élevée», se révolte-t-il. Les chauffeurs de taxi au nombre de 150.000 à l'échelle nationale dont plus de 12.000 à Alger, s'acquittaient seulement de 960 dinars trimestriellement avant 1993. «Après cette date, les autorités le considèrent comme un commerçant et le jugent selon son chiffre d'affaires.» Des correspondances ont été envoyées par la commission aux différentes parties concernées, notamment les ministères des Finances, de l'Intérieur, le Sénat ainsi qu'au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour aménager une solution effective à ce problème «qui menace l'avenir de la corporation». En vain. «Nous sommes en négociation avec la partie concernée mais aucune réponse n'est donnée. Nous demandons l'accélération du règlement de ce point car il y a des taxieurs qui sont menacés de saisie de leur véhicule», a lancé M.Aït Braham. La commission propose ainsi l'effacement entier, pour tous les taxieurs, de leurs dettes cumulées de 1992 à ce jour et interpelle le chef de l'Etat pour qu'il prenne une «décision politique» dans ce sens. Un statut particulier des chauffeurs de taxi est l'autre point qui intrigue ladite commission. La prolifération des sociétés de taxi, l'accès aux crédits bancaires sont aussi les problèmes soulevés. M.Aït Braham a tiré à boulets rouges sur les banques publiques qui «refusent de débloquer des prêts aux chauffeurs de taxi pour renouveler le parc vétuste, faisant référence à l'absence d'attestation prouvant le paiement des impôts relatifs à leur fonction». D'autres problèmes ont été soulevés par les taxieurs, ceux relatifs, notamment aux infractions et aux retraits de permis. Cependant, le président du Cnct s'est montré très sévère. «Nous sommes ici pour discuter de nos doléances et tenter de trouver une solution pour les faire aboutir. Mais, il ne faut pas oublier aussi que vous avez des droits et des obligations à respecter. Quand il y a infraction, la loi sera appliquée avec toute sa rigueur», a-t-il lancé à l'adresse des taxieurs. Intervenant à l'occasion, M.Salah Souilah, secrétaire général de l'Ugcaa, a indiqué que les portes du dialogue du ministère des Transports avec ses directions au niveau des différentes wilayas sont fermées contrairement au département des Finances. M.Souilah a, par ailleurs, annoncé qu'une commission composée de représentants de l'Ugcaa va élaborer un dossier à soumettre au gouvernement. Il contient des propositions touchant le commerçant, l'artisan et le prestataire de service souhaitant qu'il soit pris en considération dans l'élaboration de la loi de finances 2008.