Les augmentations de salaires renvoyées aux calendes grecques, la polémique sur les produits de base, les milliers de salariés impayés, la baisse du pouvoir d'achat sont autant de soucis qui perturbent le quotidien des Algériens. La situation est amère. L'échec est généralisé. La politique avec laquelle est gérée le pays laisse à désirer. Le mode de fonctionnement actuel a montré ses limites. Tous les secteurs, pratiquement, sont foudroyés. Défaillances, insuffisances, suivies de nombreux fiascos, caractérisent la majorité des institutions de l'Etat. Les départements qui accomplissent leurs missions, on peut les compter sur les doigts d'une seule main. Tout le monde témoigne, à titre d'exemple, des grands efforts fournis par le ministre Amar Ghoul. Les chantiers réalisés, dans le cadre de l'application du programme du président, sont une preuve tangible du dynamisme du secteur des travaux publics. De son côté, Noureddine Yazid Zerhouni est considéré comme l'un des rares ministres à marquer toujours sa présence sur le terrain. Mais les autres? Les conséquences de cet échec sont visibles sur le terrain. Simple citoyen ou cadre de l'Etat, politiciens ou hauts responsables, tout le monde est conscient de cette vérité. Tout le monde dénonce. Ces conséquences ont, malheureusement, eu un effet négatif sur la situation sociopolitique et économique du pays. Sur le volet économique d'abord. Nul ne conteste que les priorités économiques ne sont pas prises en charge. La politique économique adoptée délaisse le capital national, tout en axant sur les IDE (investissements directs étrangers). La stratégie industrielle est basée sur les hydrocarbures. Ce qui constitue un risque. Les exportations hors hydrocarbures, qui sont nulles, stagnent. Il y a lieu de signaler, aussi, le déficit constaté dans la loi de finances, notamment à propos de l'optimisation fiscale. L'absence de dialogue entre le gouvernement d'une part le patronat et les partenaires sociaux de l'autre, ne fait qu'enfoncer le clou. Ces éléments ne sont, en réalité, que les énièmes signaux d'une crise sociale qui perdure. A ce propos, le terrain est miné. Le cauchemar des augmentations, la polémique sur les produits de base, les milliers de salariés qui restent impayés, la baisse du pouvoir d'achat sont autant de soucis qui perturbent le quotidien des Algériens. La liste est longue. Les agressions, les kidnappings, les suicides, le chômage, la crise du logement et l'immigration clandestine sont autant de facteurs qui aggravent la situation sociale. Les sociologues expliquent cet état de fait par la défaillance de la politique de prise en charge sociale. Les exemples ne manquent pas. Depuis plus d'une année, la pomme de terre monopolise le débat. Elle est devenue une préoccupation des Algériens. Enregistrant une hausse des prix inexplicable, la pomme de terre, censée être à la portée de toutes les bourses, est devenue un produit de luxe. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, n'a pas trouvé mieux que de procéder à l'importation de la pomme de terre! Voilà un des exemples de l'échec sus-cité. De promesse en promesse. A l'approche du Ramadhan, on parle d'importation de la viande rouge. L'Algérie n'a t-elle pas d'autre alternative pour assurer l'autosuffisance du marché national en matière de viande et de légumes? Ce malaise social a des répercussions négatives sur le volet politique. Les citoyens ne croient plus à la chose politique. La dernière fracture du 17 mai atteste le désintérêt de la population. C'est un véritable fiasco des partis politiques, notamment. Ceux-ci restent indifférents quant aux préoccupations majeures des citoyens. Ces derniers font face seuls à tous les problèmes. En outre, les blocage administratifs, la corruption et la bureaucratie sont un véritable casse-tête chinois. Conscient de cette vérité, le président de la République a manifesté son souhait de réformer les institutions de l'Etat. Juste après son élection à la magistrature suprême en 1999, M.Bouteflika a désigné Missoum Sbih pour piloter ce projet. Dans le même sens, le président Bouteflika a établi un programme rigoureux à parachever avant la fin de son deuxième mandat. La relance économique, le rétablissement de la paix, le projet du million de logements, l'autoroute Est-Ouest et la réforme des institutions de l'Etat sont les grands chantiers dudit programme. Des paris que le président ne pourrait gagner que dans la mesure où tout un chacun assume, à son niveau, les responsabilités qui lui sont inhérentes dans l'application de ce programme. Les problèmes énumérés plus haut, sont dus, en premier lieu, à la non-application du programme, voire à la négligence des responsables des secteurs concernés. En ce sens, le président Bouteflika n'a pas caché en maintes circonstances son mécontentement envers certains membres de son gouvernement. Il n'a pas cessé, à chaque sortie, de «laver» en live, ses ministres. Les Algériens se souviennent de sa fameuse déclaration, lorsqu'il a lancé à un ministre que «ce n'est pas ce que vous m'avez dit en conseil des ministres». Une déclaration qui lui a valu l'estime de la population. C'est une manière pour les citoyens d'exprimer leur soutien et leur sympathie au programme du président. Mais si le chef de l'Etat a formulé un projet d'avenir pour l'Algérie, il reste que tous ne semblent pas se trouver sur la même ligne, d'où les incohérences et «autre» surplace constatés avec comme conséquence, la persistance de maux qui pénalisent durement la société.