Ce ne sont pas les excuses de Droukdel, présentées à Kartali, qui vont convaincre les anciens de l'AIS sur le bien-fondé de ses intentions. L'attentat à l'explosif perpétré contre Kartali a sonné l'alerte dans les rangs des anciens de l'AIS. A l'Est, cette région qui fut dirigée par Madani Mezrag et Rabah Kebir, les dizaines de repentis se font de plus en plus discrets. A Constantine, certains d'entre eux, versés dans le commerce informel, ne s'aventurent plus dans les quartiers jugés à haut risque. Il semblerait, selon des sources bien informées, qu'ils ont reçu l'ordre de garder profil bas afin d'éviter une éventuelle agression ou provocation. Tandis qu'à Jijel, Kaous ou Texenna, leurs fiefs par excellence, ils continuent de s'afficher sans complexe. Mais rien n'indique qu'ils n'ont pas reçu des consignes de sécurité. Sur ce plan, Mezrag est resté muet. Il n'a jamais laissé filtré le moindre mot sur ces contacts avec les anciens éléments de l'AIS. On ignore encore s'il y a un «semblant d'organisation» entre tous ces repentis qui ont bénéficié de la loi portant sur la Concorde civile. Cependant, il n'est pas exclu que les chefs aient préservé un minimum de «contacts» afin qu'ils puissent réactiver le cas échéant. A Blida ou à Larbaâ, les excuses présentées par Droukdel n'ont pas convaincu, à tel point que tout le monde est sur ses gardes. Pour certains de l'AIS, on ne peut pas se fier aux intentions exprimées par le Gspc. Il y a quelques jours, Madani Mezrag s'est exprimé, haut et fort, sur le sujet en disant tout le mal qu'il pense du Gspc. Bien isolé, Droukdel continue à exercer son autorité au sein de son organisation. Aussi bien Kartali que Mezrag en sont conscients. Et si les simples éléments de l'AIS ne semblent pas avoir bien «digéré» les excuses de Droukdel, alors que penser des chefs? Lorsque l'AIS a déposé les armes en 1997, le Gspc n'était pas encore né et les frères Hattab nourrissaient déjà de fortes appréhensions à l'égard de l'AIS comme le Gspc: «tous ceux qui ont déposé les armes sont des traîtres». Cette attitude n'a pas changé, selon des sources chargées de la question sécuritaire qui en savent plus, et ce ne sont pas les excuses de Droukdel qui ménage Kartali et le considère comme son «frère» qui vont convaincre les anciens de l'AIS, sur le bien-fondé des intentions de Droukdel. Quant à l'attentat contre Kartali, l'AIS dissoute le considère comme un avertissement, mais qui ne doit pas décourager ceux qui s'obstinent à revenir sur la scène politique. A l'est, au centre et à l'ouest, les contacts se multiplient, selon nos sources, afin de préparer le terrain à ce nouveau parti politique, malgré la menace du Gspc et les interdits officiels. Cette formation politique verra-t-elle le jour? Ce n'est pas encore évident malgré les pressions exercées. Droukdel, qui assume la responsabilité relative à l'attentat qui a ciblé Kartali, avait-il affiché la même réaction si ce dernier avait été tué dans cet attentat. Beaucoup d'analystes et d'observateurs répondent par la négative. C'est quand même paradoxal puisque le numéro un du Gspc, présumé chef d'Al Qaîda au Maghreb islamique, n'a pas hésité à appeler Mustapha Kartali à revenir aux armes et reprendre ce qu'il qualifie de djihad, tout en lui reprochant d'avoir soutenu le processus de la Réconciliation nationale qui a permis à plus de 300 terroristes de déposer les armes et d'abandonner l'idée du djihad à laquelle ils ne croient plus. La loi sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a également permis de libérer 2000 terroristes. Le processus dont la réussite est incontestable n'en chante pas le syndicat criminel de Droukdel..