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Norah Krief chante l'amour désenchanté
LES SONNETS DE SHAKESPEARE AU TNA
Publié dans L'Expression le 23 - 03 - 2002

Entre comédie et chanson, le drame est porté par la voix mi-fatale, mi-innocente de cette femme.
Mardi soir, la salle du TNA est plongée dans le noir. Et soudain, s'élève le son grave du piano qui déchire le silence. Les musiciens, à savoir Frédéric Fresson au piano, Daniel Largent à la basse et Philippe Floris à la batterie s'installent sur scène. S'annonce un prélude instrumental aux relents jazzy puis rock... Surgit alors pieds-nus, telle une Gitane, Norah Krief en pantalon de cuir rouge, pour chanter son mal-être, le venin du désir déraisonnable, incommensurable, né de cet amour-obsession. Les «sanglants» sonnets de Shakespeare, une vingtaine choisie parmi les 154 du recueil sont portés au firmament par Norah qui les interprète avec beaucoup de hardiesse et de majesté: «Le beau et le vrai s'aimeront toujours, si tu veux bien de toi, donne vie à la vie», dit-elle, solennelle, fatale.
La musicalité poétique conjuguée aux savoureuses mélodies des instruments finissent par donner des frissons à notre conscience, touchée de plein fouet par la grâce des révélations de ces sonnets. Norah, le porte-voix féminin de Shakespeare, espère «changer sa soif du pire en désir du meilleur». Dans un soubresaut de colère, elle crie, fustige: «Honte à toi, avoue que tu n'aimes personne, invente un nouveau toi par amour pour moi !» La poésie est supplice incantatoire, irrévérencieux et glacial. L'amour, la passion, paradoxalement n'ont jamais été aussi présentés, mises à nu dans toute leur fragilité. Plus qu'une parole mise en musique, la comédienne Norah joue, interprète, incarne avec beaucoup d'émotion la chanson. Elle explose littéralement sur scène en étant tantôt espiègle, femme-enfant ou fatale dans sa gestuelle sensuelle. Et c'est Philippe Floris, qui tronque pour un moment sa batterie pour l'accordéon, qui se chargera de nous rappeler le triste destin des hommes. Norah, dont la voix rappelle tantôt celle de la «longue dame brune» Barbara, sait comment nous surprendre, nous aguicher et nous séduire lorsqu'on est emporté dans le délire du rock and roll. Piano et batterie se renvoient leur écho fracassant à mesure que l'ambiance chauffe. La chanteuse fébrile, haletante, tout en sueur, casse la baraque et mène le combat. Contre elle-même? Les sonnets qu'elle chante sont pleins d'amertume, mais aussi de passion et d'érotisme qui «effacent le vulgaire...» Une quête désespérée, hélas pour un amour impossible. La poésie de Shakespeare s'écrit en pleurs lancinants et en rires cahoteux, soutenue par un fond électrique bien rock, jazz ou dans un autre registre, gnawi, targui bien de chez nous que soutient la derbouka. Le rythme fort, sauvage qui culmine la passion dans toute sa violence, n'a pu, en tout cas, laisser de marbre le public. Frédéric Fresson, qui a signé la composition musicale du spectacle, haut en couleur et en tragédie, a su traduire toute la tourmente cynique et douloureuse qui met en agonie l'amoureux en sursis, toute l'ampleur aussi du drame shakespearien de son époque romantique, toujours d'actualité.
On le sait, amour rime avec toujours. Et quand cette douleur culmine, Norah en parfaite tragédienne a les mains tendues vers le ciel comme une naufragée, elle chante la vie, l'amour désenchanté, brasse la vertu et la patience. Un chant d'amour qu'elle révèle enfin à la terre entière.
Le désespoir fait place à des notes de gaieté et d'humour passager chantées dans la langue de Shakespeare. Et la mélancolie revient au galop. «Fatiguée, lasse», dit-elle, je veux quitter ce monde, sauf si je me tue, mon amour sera seul». L'enthousiasme factice succède en alternance au désespoir.
L'âme trompée, mais la volonté de combattre et de ne céder à rien est plus forte. Se redessinent ainsi de nouveau les contours du désir oppressant. «Oh, laisse résonner mes sonnets dans le corps de mon messager, s'ils ne sont que des mots, des mots (...), tu es ma chanson quand je chante...». Quand s'exprime ainsi le «nectar» poétique de Shakespeare, c'est toute l'âme qui s'élève, transpercée... On aurait dit que ces poèmes avaient été écrits hier.
Et pourtant... Ce spectacle, lui, très attrayant, fut présenté mardi et mercredi derniers au TNA sur initiative du CCF d'Alger. Dommage qu'il ait eu à souffrir du manque de spectateurs, malgré son succès avéré.


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