Tôt, hier matin, la nouvelle a parcouru la Kabylie. Scènes de liesse et échauffourées ont alterné, hier, en Kabylie. Le retrait de quelques brigades de gendarmerie, dont le groupement de Tizi Ouzou, démenti la veille encore par un haut responsable de la gendarmerie, a fait sortir dans la rue des centaines de jeunes. Tôt hier matin, la nouvelle a parcouru la Kabylie. Les gendarmes se retirent. Incrédules, plusieurs jeunes sont allés aux nouvelles. Le siège de la brigade de Tizi Ouzou, gardé par des policiers en faction, «confirme» la nouvelle. Vers 9h, avec l'arrivée en ville des montagnards, les informations affluent: les brigades de Maâtkas, de Beni Douala, de Tizi Rached, d'Azazga, de Yakouren, de Fréha, de Larbaâ Nath Irathen, de Boudjima, de Makouda, de Aïn El-Hammam, d'Irdjen et d'Iferhounène, ont plié bagage. Le groupement de gendarmerie, installé au centre-ville de Tizi Ouzou, s'est replié sur la caserne des Groupes d'intervention rapide, sise à la Nouvelle-Ville. La police occupait, dès hier matin, les lieux. Au niveau du groupement étaient restés quelques gendarmes, certainement pour «protéger» les familles encore sur place. A Azazga, dès les premières heures, c'est la population entière avec femmes et enfants qui est sortie dans les rues. Tout le monde avait envie de constater de visu le départ effectif de la brigade. C'est que dans cette ville, le contentieux entre les deux parties est plus que lourd. Du sang ayant coulé. Des youyous ont fusé, un air de fête règne dans la ville. On ne sait comment, des jeunes surtout, ont eu l'idée de «raser» la gendarmerie. C'est à qui prendrait une hache, un marteau, une barre de fer, et même on a fait appel aux tracteurs. On incendie la brigade et s'acharne sur les murs. Les URS font irruption, la «joie» se meut en échauffourées. Les bombes lacrymogènes claquent et la colère réhabite de nouveau la foule. On encercle quelques éléments des URS, on les désarme... et on les conduit au commissariat de police. La foule a envie de fêter le départ de la brigade et entend rester seule. A Tizi Ouzou, les jeunes se réunissent devant la brigade de gendarmerie. La foule entonne des chants de joie et les ponctue des habituels slogans: «Pouvoir assassin», «Ulac smah ulac» et autres «amabilités» envers les gendarmes. Les policiers essaient la manière douce. Mais des appartements surplombant la brigade, des seaux d'eau sont déversés par les jeunes. Depuis la cour du groupement, des cocktails Molotov sont lancés sur les jeunes manifestants. Et une poubelle atterrit sur eux. C'est plus qu'il n'en faut pour attiser la colère. Dans la cour du groupement, une altercation éclate entre les gendarmes qui veulent en découdre et les policiers qui s'interposent. Des bombes lacrymogènes fusent. Le coup de «starter» est donné. Les policiers se démènent pour éviter l'émeute. Mais trop tard, les esprits sont excités. Dans l'après-midi, les URS, après avoir essayé de contenir les manifestants, ont eu recours aux bombes lacrymogènes. De nouveau, le centre-ville est plongé dans un brouillard de fumée. Comme il fallait s'y attendre, et ce, pour la énième fois, les commerces de la grande rue ont baissé rideau. Ailleurs, comme à Maâtkas et Beni Douala, on signale des blessés parmi les citoyens. La gendarmerie, en ces lieux, est vraiment non désirée. Malgré ces «dernières» émeutes, beaucoup de personnes pensent que «l'application des décisions arrêtées» pourrait fort bien participer à faire baisser la tension en Kabylie.