La tension régnant actuellement dans ces régions n'augure rien de bon. Les hostilités ont repris de plus belle dans certaines localités de Béjaïa après une accalmie qui n'aura duré que quelques jours. La localité de Seddouk a connu, hier, les premières échauffourées dès la matinée lorsque des dizaines de jeunes, visiblement déterminés, se sont dirigés vers le siège de la brigade de gendarmerie, dont les éléments avaient été déplacés quelques heures auparavant, pour entamer, dès leur arrivée sur les lieux, une démolition systématique de la bâtisse. Les éléments des brigades antiémeutes ont, au début, laissé faire, affirme une source crédible, avant de recevoir l'ordre d'intervenir. La destruction de l'immeuble, déjà très avancée, s'est immédiatement transformée en affrontements des plus violents au cours desquels un jeune de 15 ans, Rachid Bellahcène, a été mortellement blessé. Evacué vers l'hôpital de Sidi Aïch, il succombera à ses blessures. Les circonstances de son décès ne sont pas déterminées à l'heure où nous mettons sous presse. On parle toutefois d'une bombe lacrymogène qui aurait été tirée à bout portant en direction de la victime. Les dernières informations font état de deux autres personnes gravement blessées. La première a été touchée à la tête par une grenade lacrymogène avant de se faire percuter par un chasse-neige. La seconde victime a subi un traumatisme crânien et se trouve en observation à l'hôpital d'Akbou. La tension demeure très vive dans cette localité où tout peut basculer d'un moment à l'autre, affirment plusieurs sources. Des incidents des plus inquiétants ont été signalés également à El-Kseur. A l'attaque du groupement de la gendarmerie par quelques jeunes, il y a eu la violente riposte des gendarmes, rapporte une source crédible, qui ajoute que les éléments de la gendarmerie auraient entrepris une «descente punitive» n'épargnant personne. La même source faisait état hier de 37 magasins saccagés. Des échos alarmants donnent l'impression qu'une véritable peur régne sur cette ville. Par ailleurs, les milliers de jeunes revenus de l'enterrement du jeune Bettar à Souk Oufella se sont regroupés à Sidi Aïch et ont encerclé le siège du tribunal. On fait état de violents affrontements opposant les jeunes émeutiers farouchement déterminés à incendier le tribunal aux CNS chargés de le protéger. Les accès de la ville sont tous barricadés. En plusieurs endroits, des pneus étaient enflammés. Bref, la tension régnant actuellement dans ces régions n'augure rien de bon d'autant plus que même les autres localités sont gagnées par la peur qui peut déboucher sur de nouveaux dérapages notamment à Adekar et Akfadou où les rumeurs les plus folles sont colportées sur l'éventuel déclenchement d'hostilités avec les brigades locales. A l'heure où nous mettons sous presse, notre source à Chemini fait état de l'incendie du camion frigorifique d'un citoyen, chargé de la sécurité à la daïra et ex-DEC de Chemini. La situation est à présent des plus critiques.