Ces localités continuaient, hier, à vivre au rythme des troubles. Les affrontements entre de jeunes manifestants et les éléments des brigades de gendarmerie, qui ont débuté mardi à l'occasion de sit-in et autres rassemblements organisés par l'aile radicale du mouvement citoyen pour dénoncer «le redéploiement sur le terrain des gendarmes» ont repris de plus belle hier. Cette violence, qui prend des proportions alarmantes, a été provoquée, selon des sources proches du mouvement, par les arrestations opérées mardi dans les rangs des manifestants. C'est le cas notamment à Akbou et à Amizour où 18 jeunes ont été interpellés par les services de sécurité. A Amizour, 12 émeutiers, interpellés mardi, ont été présentés, hier, au parquet de Béjaïa. A Akbou, les manifestants ont pris un gendarme en otage pour faire pression et libérer leurs camarades arrêtés. L'arrestation dans la nuit de mardi à mercredi a relancé, hier encore, les échauffourées qui se poursuivent encore à l'heure où nous mettons sous presse et risquent de se prolonger dans les jours à venir. Le délégué d'Akbou, Zahir Benkhellat, contacté par nos soins, parle de nouvelles arrestations et de deux nouveaux blessés par balle réelle, accusant les gendarmes d'avoir provoqué, dès le premier jour, les échauffourées. A El-Kseur, la colère a atteint, hier, son paroxysme. Contrairement aux autres localités, c'est le commissariat de la ville qui continue d'être la cible des manifestants qui n'arrivent toujours pas à digérer le refus de la liberté provisoire aux détenus, demandée par le collectif des avocats. Les émeutes, qui ont repris hier à 9 h, ont transformé les ruelles menant vers l'édifice du commissariat en un véritable champ de bataille. La RN 12 a été également fermée à la circulation. A 13h, on dénombrait trois blessés parmi les manifestants et deux autres parmi les CNS. Ali Gherbi, représentant du comité local, a rendu publique une déclaration dans laquelle il dénonce «l'usage d'armes à feu» et qualifie «la situation de répression de résultat et de prolongement de la politique de pourrissement concoctée par le pouvoir mafieux». L'auteur de la déclaration, qui s'exprime au nom du comité d'El-Kseur, réitère «sa détermination à déjouer tout complot visant à déstabiliser la situation par le pouvoir en panne de perspective», avant de conclure: «L'Histoire jugera chacun de nous.» La localité de Sidi Aïch a connu, hier, aussi une recrudescence de la violence. Les accès vers le centre-ville ont été barricadés pendant que le tribunal local faisait l'objet d'une attaque systématique. Là aussi, un nombre important de blessés a été enregistré. Comme partout ailleurs, l'arrivée des renforts exacerbe la tension et donne lieu à des réactions violentes. Bizarrement, la situation dans ces localités ressemblait, à s'y méprendre, à celle d'avril dernier. Une situation qui fait craindre le pire et n'augure rien de bon.