La France est bien placée pour réaliser ce partenariat, mais c'est à l'Algérie de voir où résident ses propres intérêts et le dernier mot lui revient. Le dossier du nucléaire civil algérien n'est pas clos avec le protocole d'accord signé, en juin dernier, avec les Etats-Unis. Paris ne lâche pas prise et veut avoir sa part de ce marché qui assurera à l'Algérie son passage vers l'après-pétrole. «Nous (la France, Ndlr) on propose une coopération alors qu'avec les Américains, l'Algérie a signé un protocole, ce qui est un exercice purement académique», ont affirmé des sources diplomatiques françaises autorisées. La Chine, la Russie, l'Allemagne et l'Afrique du Sud ont également proposé leur coopération avec l'Algérie. «La France est bien placée pour réaliser ce partenariat dont a besoin l'Algérie. Mais c'est à l'Algérie que revient le dernier mot et c'est à elle de voir où résident ses propres intérêts», a ajouté la même source ayant requis l'anonymat, précisant que la question sera abordée prochainement à Paris et elle sera au centre des discussions lors de la visite du président Sarkozy en décembre prochain à Alger. Notre source souligne que le principe du nucléaire civil n'est ni un caprice ni une vue de l'esprit du président «Sarkozy qui a défendu ce principe déjà au temps où il était ministre de l'Intérieur, il s'agit d'une conviction». Seulement voilà, avant la coopération nucléaire entre l'Algérie et la France, il y a la coopération économique qui n'arrive pas à décoller. Environ 300 millions de dollars d'investissements directs et pas plus de 250 entreprises installées en Algérie. Des chiffres dérisoires comparativement aux investissements au Maroc et à la Tunisie où le nombre d'entreprises est deux fois plus grand. L'épisode de l'usine Renault installée à Tanger vient semer un vent de suspicion dans les relations économiques, pourtant censées aller crescendo en Algérie qui constitue un marché potentiel pour la France. Pour la simple illustration, les meilleures ventes du fabricant Renault sur tout le continent africain ont été réalisées en Algérie. «Il faut voir du côté des responsables algériens qui doivent s'interroger sur le fait que Renault installe son usine à Tanger», note notre source comme pour renvoyer la balle du côté algérien. «Pour l'installation de cette usine, Tanger était en compétition avec une ville roumaine, et une autre indienne mais pas avec l'Algérie, elle ne figurait pas sur la liste des compétiteurs, cette question aussi, il faut la poser aux responsables algériens. A cela, il faut ajouter les problèmes de la bureaucratie, de la disponibilité du foncier.» La visite du président français aura comme autre objectif la convention de coopération. Les deux parties indiqueront de manière claire quelles seront les institutions qui vont la faire fonctionner. De même que l'élaboration d'un document-cadre qui fixera des priorités pour les cinq années à venir. Notre source indique que les deux textes ont déjà été communiqués aux autorités algériennes et françaises. L'un des projets les plus ambitieux entre les deux pays est celui de l'université algéro-française. «Il ne s'agit pas de refaire l'Université algérienne, mais de créer des pôles de spécialités qui n'existent pas en Algérie, comme le droit des affaires, des écoles d'études médicales spécialisées comme la greffe rénale, la cardiologie pédiatrique.» Des projets à double tranchant. En effet, la formation des cadres de haut niveau doit s'accompagner d'autres mesures comme une rémunération conséquente, un environnement de travail adéquat et un matériel requis pour accomplir convenablement les différentes tâches. Ce qui n'est pas actuellement le cas en Algérie. Evidemment, les responsables français n'ignorent pas cet aspect. Et de ce point de vue, l'hémorragie ne fera que s'accentuer et la France peut se targuer alors d'une émigration très bien choisie et formée à moindres frais. Le président français abordera également à Alger, selon la même source, son projet d'Union méditerranéenne. M.Sarkozy a déjà désigné Allain Le Roi, ex-directeur des affaires économiques au Quai d'Orsay et représentant de l'Union européenne en Moldavie, à la tête de ce projet. Quel sera le champ de cette union? Méditerranée occidentale? Les pays du Forum méditerranéen? les 5+5? Rien n'est encore décidé pour le moment, mais ce conglomérat ne va pas regrouper tous les pays de la Méditerranée. «On ne va pas refaire Barcelone. Il annonce qu'un sommet sera organisé en fin 2008.» Il reste que l'aspect sécuritaire est le domaine où la coopération est effective entre les deux pays. «Au plan sécuritaire nous avons une coopération à la fois discrète et efficace», insiste la source diplomatique qui ajoute: «Elle repose sur la base de la confiance et sur la conviction que la stabilité de l'Algérie concerne d'abord l'Algérie et la France». Les derniers attentats contre les deux ressortissants français à Lakhdaria n'ont pas altéré cette coopération. «Nous sommes confiants sur la façon dont la sécurité de nos ressortissants est assurée. On sait que le risque zéro n'existe pas mais nous sommes confiants». De cette coopération découle la vente d'armes à l'Algérie. Apparemment, il n'y a plus de restrictions. «On a fait savoir aux autorités algériennes que la France aura une attitude ouverte à toute demande.» L'armée algérienne et la police se modernisent et de ce fait, «on a été saisis de plusieurs demandes et aucune n'a reçu une réponse négative. Les autorités françaises ont une attitude très ouverte aux demandes».