«Déshabiller Pierre pour habiller Paul». Ainsi déjà saigné à blanc, le consommateur anéanti par les frais successifs de la rentrée scolaire et du Ramadhan qui a fait exploser les bourses les plus coriaces, se verra pousser, une fois de plus, des cheveux blancs pour pallier les dépenses de l'Aïd El-Fitr. Depuis une semaine, le couffin a perdu d'un cran sa frénésie au grand dam des marchés de l'alimentation qui cèdent au commerce de l'habillement. Boutiques de vêtements, centres commerciaux, y compris les placettes et trottoirs qui ne suffisent plus aux marchands ambulants, sont pris d'assaut par une clientèle de plus en plus massive préoccupée à dégoter par-ci, par-là la «bonne occasion» pour sa progéniture. Lèche-vitrines et shopping en majorité de la gent féminine dans une atmosphère de pickpockets dans l'air, la ville grouille de familles dont l'unique raison est de dépenser les dernières économies. Faut bien faire plaisir aux petits rejetons. C'est après la fête qu'on se gratte la tête. En une telle circonstance, toutes les grandes ruelles et boulevards tiennent la vedette de par la vue et l'envie quant au choix de produits aussi tentants que variés allant des articles de luxe «made in» aux fringues asiatiques bas de gamme. Côté prix, la quasi-totalité de la clientèle se plaint de la facture très salée. «Une seule paie ne peut suffire pour toutes ces charges», déplorent bon nombre de consommateurs, lorsque d'autres rétorquent: «Cela ne sert à rien de gagner des millions qui ne représentent que le tiers ou le quart du pouvoir d'achat.» Certains parents, devenus par la force des choses plus astucieux et économes, ne saisissent que l'article manquant à la «tenue» de la rentrée scolaire, préservée à cet effet, faute de mieux. Surtout que la non moins onéreuse et inévitable dépense des matières nécessaires à la confection des gâteaux n'est pas en reste pour vider à son tour le porte-monnaie qui se rétrécit.