Des cadres issus de l'immigration ont estimé qu'«il est temps de mutualiser les compétences». Après des années de léthargie, les cadres algériens ont décidé de passer à l'action. Plus d'une centaine de cadres, issus de l'immigration algérienne en France, ont exprimé vendredi soir leur volonté de mutualiser leurs compétences «pour pouvoir peser et faire pression» dans les grands débats publics français. Par ce sursaut, le lobby algérien en France est né. Vaut mieux tard que jamais. La communauté algérienne a grandement besoin de pareilles organisations. Environ 1,5 million d'Algériens sont installés en France. Globalement, la communauté algéro-française est évaluée à deux millions de personnes. Selon les statistiques données par la revue Arabies dans son numéro du printemps dernier, le nombre de cadres algériens en France est estimé à 500.000 dont 7000 médecins et plus de 5000 enseignants dans différents paliers de l'enseignement. Ces cadres, dont des chercheurs, ingénieurs, médecins, industriels, consultants et juristes, ont estimé qu'«il est temps de mutualiser les compétences pour que l'immigration algérienne, qui a déjà plus d'un siècle en France et la plus nombreuse, réoccupe la place qui lui revient dans la société française». Lors d'un dîner-débat organisé dans la soirée de vendredi, les cadres issus de l'immigration algérienne, dont des membres du Réseau d'anciens élèves algériens des grandes écoles françaises (Reage), implanté dans plusieurs pays, ceux du Cercle des entrepreneurs et industriels algériens de France (Ceinaf), ainsi que ceux de plusieurs autres associations professionnelles, ont appelé à «une démarche de solidarité» dans le jeu des groupes de pression. Pour les organisateurs, il s'agit d'une démarche qui «s'inscrit dans une volonté commune de voir une diaspora algérienne s'organiser, transcendant les clivages politiques». «N'est-il pas anormal que notre communauté, riche de sa composante, ne puisse peser sur la vie publique française?», se sont-ils demandé, soulignant la nécessité de mettre en place un groupe de pression «multisectoriel d'Algériens immigrés». Une Algérienne, sociologue au Conseil économique et social français, a proposé la structuration d'un «réseau capable d'inverser les rapports de force». A cet égard, ces cadres, dont des membres siégeant à la direction de différents partis politiques français de droite comme de gauche, ont décidé de mettre en place un «comité de pilotage» pour étudier la forme juridique du futur Réseau et organiser ses «premières assises». Le consul général d'Algérie à Paris, M.Abderrahmane Meziane Chérif, le consul d'Algérie à Vitry, M.Rachid Hadbi ainsi qu'un député de l'APN pour la zone nord en France, ont été invités à cette première rencontre animée dans une ambiance conviviale des grandes retrouvailles.