Des enquêtes sont effectuées depuis le mois de juin dernier au niveau des établissements bancaires privés, nationaux et étrangers. L'affaire Khalifa Bank hante les pouvoirs publics. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, n'est pas allé jusqu'à faire cet aveu, mais a reconnu hier, devant les députés, que ce dossier a amené les autorités à faire preuve d'une prudence extrême à l'égard des banques privées. En effet, M.Mohamed Laksaci, à la demande des députés qui ont exigé sa présence lors des débats sur la loi de finances 2008, a présenté hier son rapport devant une plénière presque déserte. Des 389 députés que compte la deuxième chambre parlementaire, seuls 28 sont intervenus sur la cinquantaine présente. Le chapitre ayant trait au contrôle des établissements bancaires a attiré principalement l'intérêt de l'assistance. Laksaci a communiqué un bilan chiffré, sans toutefois s'étaler sur les détails. Il souligne, sur ce point, que «l'Etat a intensifié ses efforts afin d'assurer un contrôle plus rigoureux des activités bancaires et de permettre, de surcroît, une intervention rapide en cas de défaillance». En plus des réunions systématiques tenues avec les représentants des banques, les institutions concernées ont procédé à plusieurs audits. Les inspecteurs de la Banque d'Algérie ont procédé au contrôle sur place au niveau de cinq banques. «76 infractions ont été relevées, ayant une relation avec les modalités d'ouverture d'une banque.» Ce n'est pas tout. Afin de contrôler au mieux le commerce extérieur et le transfert d'argent, plus de 50.631 dossiers de domiciliation ont été supervisés contre 28.000 en 2005. Des équipes de la Banque d'Algérie, spécialisées dans la lutte contre le blanchiment d'argent, effectuent, depuis le mois de juin dernier, des enquêtes au niveau des établissements bancaires privés, nationaux et étrangers. Cette opération, qui s'étendra, en second lieu, au secteur public, a été précédée par l'envoi de questionnaires aux établissements concernés pour évaluer la fiabilité du système mis en place visant à contrer le phénomène du blanchiment d'argent. L'audit vise principalement à mesurer la capacité des banques nationales et étrangères à lutter contre ce fléau. Il s'agira, en outre, de tester sur le terrain l'application de la loi 01-05 du 6 février 2005 relative à la prévention contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, deux ans après sa promulgation. Cette loi a été renforcée en 2006 par la loi 06-01 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Toujours selon M.Laksaci, 637 correspondances ont été adressées aux établissements bancaires pour différentes raisons. Ces correspondances ont fait ressortir 5 infractions au niveau des positions de change, 3 pour non-respect des actifs nets positifs et 2 au niveau du ratio d'utilisation des taux. Par ailleurs, la gestion des risques a fait l'objet d'audits effectués au niveau de quatre banques. Laksaci reconnaît qu'il existe sur ce plan «des disparités et des manques qu'il faudra rapidement combler». Mais, ajoute-t-il, le secteur financier est en nette progression, aussi bien sur le plan de la gestion qu'au niveau de l'octroi de crédits à moyen et à long termes. Il précise aussi que 15% des crédits bancaires sont octroyés aux particuliers (crédits à la consommation). Le rapport du gouverneur de la Banque d'Algérie n'a pas convaincu M.Abdelkader Harchaoui, député RND. L'ancien ministre des Finances atteste que les banques «ne maîtrisent pas les risques et ne peuvent pas les évaluer». C'est la raison pour laquelle elles affichent une réticence dans le traitement des dossiers des investisseurs en quête de crédits, «même si le projet est très attractif». «Plusieurs investissements sont bloqués à cause du manque de financement. L'on aimerait bien savoir à qui ont profité les crédits à moyen et à long termes auxquels vous avez fait allusion dans votre rapport?» Mostefa Bouaza du FLN s'est, lui, interrogé sur l'utilité des réformes bancaires, si «ces dernières n'englobent pas la formation de banquiers». «Notre système, ajoute-t-il, souffre du manque de compétences.» Mohamed Belkacem du MSP estime que la promotion des IDE passe par la stabilité du système financier. «Ce n'est pas le cas en Algérie où l'on enregistre l'absence d'une vision claire sur ce que l'on attend.» Une vision approuvée par plusieurs députés qui ont interrogé Laksaci sur l'abrogation du dispositif relatif à l'interdiction de dépôt des avoirs des sociétés publiques dans des banques privées.