Moins «budgétivore» que nombre de disciplines, ce sport est malgré tout un grand pourvoyeur de médailles pour l'Algérie. Aux côtés des disciplines sportives à forte popularité, il en existe d'autres qui cherchent à se placer comme une valeur sûre. Elles font, d'ailleurs, de remarquables efforts pour se faire remarquer, malheureusement, elles n'obtiennent pas l'hommage qu'elles méritent. En Algérie, il en est une qui n'en est qu'à ses premiers pas mais qui ne réussit pas moins à se distinguer dans les compétitions internationales. Le badminton algérien était engagé dans les derniers Jeux sportifs arabes du Caire et il s'en est fort bien tiré puisque l'Algérie a terminé en tête du classement des nations dans ce sport avec trois médailles d'or et deux en argent. C'est mieux que lors de la précédente édition qui avait eu lieu en 2004 à Alger, où les Verts avaient remporté une médaille en vermeil, une en argent et une en bronze. En Egypte, ce sont les garçons qui se sont mis en valeur par rapport aux filles. C'est ainsi qu'en individuel, ils se sont emparés des deux premières places pour avoir placé deux finalistes. Au cours de cette ultime manche, c'est Nabil Lasmari qui a été sacré champion du monde arabe en battant son camarade Karim Rezig. Ces deux garçons ont associé leurs efforts dans le double messieurs où ils se sont assurés de la première place. Enfin, ils ont fait partie du groupe qui a participé à la conquête de la médaille d'or dans l'épreuve par équipes. La seconde médaille en argent de l'équipe algérienne a été l'oeuvre du duo Karim Rezig-Malika Menasri dans le double mixte. «Nous aurions pu prétendre à mieux chez les filles, nous a dit Noureddine Nemla, le secrétaire de la Fédération algérienne de badminton et chef d'équipe au Caire. Malheureusement, notre meilleure joueuse, Amina Badaoui, qui est une émigrée, n'a pu se déplacer en Egypte parce que prise par ses études. Avec elle nous aurions pu assurer une autre médaille d'argent. Nous avions prévu de la remplacer par une autre fille mais on nous a dit que le délai pour effectuer un tel changement était dépassé. C'est pourquoi l'équipe féminine a presque raté ce rendez-vous. Mais, très sincèrement, si quelqu'un m'avait dit avant ces Jeux que nous remporterions autant de médailles, je l'aurais pris pour un fou. Je pensais que parvenir à faire autant qu'à Alger était déjà un formidable exploit.» Il faut dire que notre émigration a été pour beaucoup dans ce sport qui ne fait que démarrer chez nous. «Ces expatriés nous aident à faire connaître la discipline par leurs performances. Ils contribuent à sensibiliser les jeunes et à les amener à choisir le badminton», nous a expliqué Noureddine Nemla qui a mis en relief l'apport d'un Nabil Lasmari dans une telle mission. Pourtant, cet athlète a bien failli ne pas participer aux Jeux sportifs arabes. Il y a deux ans, il jouait en équipe de France et les organisateurs des Jeux du Caire lui ont contesté sa nationalité algérienne alors qu'il avait pris part récemment aux Jeux africains sous la bannière de l'Algérie pour laquelle il avait remporté la médaille d'or. Il a fallu un coup de force des responsables de la délégation algérienne (ils avaient occupé le terrain où devaient se jouer les rencontres) pour que Lasmari soit reconnu comme Algérien. A la suite de quoi, des pays comme la Syrie et la Jordanie s'étaient retirés mais avaient vite fait de revenir sur leur décision. La venue de Nabil Lasmari parmi les Verts trouve son origine dans la volonté des responsables de la Fédération algérienne de lancer ce sport avec des locomotives du genre du joueur en question. «Ce garçon fait partie des 50 meilleurs joueurs du monde, nous a révélé Noureddine Nemla. Il jouait régulièrement en équipe de France mais dès qu'il y avait une grande compétition internationale, on lui préférait d'autres joueurs alors qu'il était plus fort qu'eux. Il en avait eu marre de cette situation et avait fait part de sa volonté de jouer pour l'Algérie. En ce moment, en Afrique et dans le monde arabe, il est l'incontestable numéro1. Il est, d'ailleurs, le seul athlète de ces régions à être déjà qualifié pour les Jeux olympiques de Pékin. Nous allons tenter de lui adjoindre son camarade Karim Rezig lors du tournoi africain qualificatif pour Pékin que l'Algérie organise du 15 au 19 décembre prochain. Ce tournoi aura lieu dans la salle d'El Biar.» Le badminton algérien compte aujourd'hui entre 1000 et 1200 licenciés et il est implanté dans 32 wilayas à travers 6 ligues régionales. «Les ligues ne reçoivent que 5 millions de centimes par an pour activer, nous a dit Noureddine Nemla. Comment peuvent-elles organiser des compétitions avec une somme aussi dérisoire? Pour pallier une telle insuffisance, la Fédération organise des tournois régionaux. Cela permet, au moins, aux joueurs d'avoir de la compétition.» En parallèlement, la Fédération se bat pour avoir une salle afin d'y développer la discipline. «Nous avons besoin d'un tel outil de travail et notre voeu serait que la nouvelle salle d'El Maqaria, à Hussein Dey, nous soit octroyée», nous fera savoir Noureddine Nemla. Pendant ce temps, les clubs font ce qu'ils peuvent pour que ce sport tienne le coup. Un sport qui n'a rien à voir avec le football et ses milliards mais qui, au moins, a le mérite de savoir représenter correctement le pays dans des joutes internationales.