Les cinémas maghrébin et africain suscitent de plus en plus la curiosité des gens de l'autre côté de la Méditerranée. La 8e édition de «Regard Sud» qui se déroulera à Lyon du 08 au 13 janvier, présente des cinéastes originaires d'Algérie, Irak, Liban, Maroc, Tunisie, Egypte, des films de fiction et des documentaires dont plusieurs inédits, en avant-première et certains primés dans de grands festivals internationaux. La soirée d'ouverture sera marquée par la projection du film Le Blues de l'Orient, en présence de la réalisatrice Florence Strauss. Les films marocains Yasmine et les hommes de Abdelkader Lagtaâ, What a wonderful world de Faouzi Bensaïdi et Nouba d'or et de lumière d'Izza Genini, ont été sélectionnés pour être projetés lors de ce festival qui verra aussi la projection d'un seul film algérien, celui de Mehdi Charef, Le Thé au harem d'Archimède, et un tunisien, Making of de Nouri Bouzid. Parrainé cette année par le chanteur Rachid Taha, ce festival, créé en 1999, dans la série «Cinéma du Sud», se propose de fidéliser un public cinéphile et néophyte, curieux de découvrir une autre cinématographie peu visible sur les chaînes de télévision et les circuits cinématographiques. Par ailleurs, la Cinémathèque française rendra hommage au cinéma africain, souvent méconnu du public, dans le cadre du festival Africamania, 50 ans de cinéma africain. En effet, du 17 janvier au 17 mars 2008 aura lieu une rétrospective ambitieuse, qui couvrira cinquante ans de cinéma africain, au travers de 80 films tournés entre 1960 et 2000. 25 pays seront représentés pour témoigner de la richesse de la production cinématographique du continent africain. Les organisateurs de ce festival soutiennent que l'Africamania vise à faire sortir de l'ombre l'histoire du cinéma africain et de ses grands auteurs, comme Sembene Ousmane, disparu il y a quelques mois, Désiré Ecaré, Djibril Diop Mambety, Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo, ou encore Gaston Kaboré. Nombre d'entre eux seront présents à Paris pour l'évenement. «Il s'agit à la fois de faire découvrir au public un cinéma méconnu, et aussi d'essayer de comprendre, au travers de débats et de tables rondes, pour quelle raison le cinéma africain est souvent délaissé.» Des ateliers pédagogiques et un concert seront organisés pour rythmer l'événement. Une programmation pour les plus jeunes sera également mise en place. La rétrospective Africamania, 50 ans de cinéma africain, est accompagnée d'une publication gratuite de 48 pages comprenant un guide des cinéastes et des films présentés, des entretiens avec Gaston Kaboré, Souleymane Cissé, Samba Félix Ndiaye, Andrée Davanture, un portfolio, ainsi que plusieurs textes sur l'histoire du cinéma africain et ses perspectives aujourd'hui. La programmation reviendra sur les premières heures du cinéma africain, les années 60, celles des pionniers du genre, sur les années 1970, qui ont vu se produire des films à la sensibilité exacerbée par l'éveil du continent, sur les années 1980, celles du désenchantement et d'une production plus romanesque, sur les années 90, marquées par l'exploration de l'individualisme croissant, et enfin les années 2000, celles de l'affirmation de la production africaine face au monde. Le 18 février aura lieu une soirée exceptionnelle. Le film La Noire de...,du réalisateur sénégalais Sembene Ousmane, tourné en 1966, sera diffusé. La projection sera suivie d'un concert de Ray Lema, musicien congolais, lauréat d'un Django d'or en 2003. Au cours du festival seront également projetés plusieurs films inédits. A titre d'exemple: Ouaga Saga, de Dani Kouyaté, cinéaste originaire du Burkina Faso, tourné en 2004, Ezra, du Nigérian Newton I. Aduaka, tourné en 2007, ou encore Il va pleuvoir sur Conakry du Guinéen Cheik Fantamady Camara, tourné en 2007, en présence des auteurs. Parallèlement à l'événement, la chaîne Arte éditera un coffret intitulé Cinéma africain, volume 1, qui sortira le 20 février 2008 et comprendra six DVD. Il présentera quatre réalisateurs africains au travers de six longs métrages. Les cinémas maghrébin et africain suscitent de plus en plus la curiosité de l'autre côté de la Méditerranée... Une ouverture due vraisemblablement à l'étroitesse de la planète ou ce qu'on appelle la globalisation, phénomène «absorbeur» des cultures. On en donne pour preuve le lancement de l'Année européenne du dialogue interculturel dont l'accord sera signé le 8 janvier à Ljubljana, capitale de la Slovénie. Un accord qui intervient ainsi à quelques jours de la tenue de ce festival, prouvant ainsi la coexistence tangible de «sociétés multiculturelles» et dont la nécessité de reconnaître en tant que telle, s'impose de facto.