Des lycéennes prennent des substances antiasthéniques pour supporter des programmes surchargés. Les élèves des classes terminales des différents établissements secondaires de la capitale crient à tue-tête leur mécontentement. Leur désarroi est total. «Nous ne sommes pas des rats de laboratoire», ont scandé les filles du lycée-phare de Kouba, Hassiba Ben Bouali. Solidaires, elles ont boudé leurs classes respectives. «La reprise des cours n'est pas pour demain. On peut boycotter l'examen du Bac si nos doléances demeurent lettre morte», ont menacé Kahina, Fradj, Hanane, Narimane, Imane...lycéennes désabusées. La «surcharge des programmes», se plaignent-elles la gorge nouée. Certaines n'arrivent pas à retenir leurs larmes. La déception est totale, comme si un échec aux épreuves du baccalauréat leur a été, d'ores et déjà, annoncé. Ces lycéennes, qui ne savent plus à quel saint se vouer, évoquent leur quotidien scolaire. «Les programmes des sciences naturelles ne peuvent être achevés», déplore une lycéenne exhibant deux livres de sciences. «On vient d'entamer le premier tiers. De nouveaux modules telle la géologie sont intégrés dans ce même programme.» Pis, poursuivent ces filles ambitieuses, la calculatrice graphique est obligatoire au Bac. Son prix est inabordable. «Cette machine coûte 15.000DA», nous signale-t-on. La situation est similaire pour les modules de physique, de comptabilité ainsi que d'histoire et géographie. Ces deux matières sont un véritable casse-tête chinois. «Un choix de réponse doit nous être accordé comme c'était le cas dans les différentes sessions du Bac», ont insisté nos interlocutrices. Qu'en est-il des autres programmes? Celui de la philosophie est tout simplement inaccessible. «On nous enseigne des programmes universitaires», enchaîne une étudiante en littérature. Il ressort de ces revendications qu'il est pratiquement impossible à ces élèves de suivre leurs cours et de les assimiler. Les enseignants eux-mêmes, ont fait part de leur «impuissance.» Cependant, l'échec n'est pas partagé. Ce sont les chances de réussite de ces élèves qui sont hypothéquées. Contraintes à terminer leur programme dans les délais annoncés, ces étudiantes du lycée Hassiba Ben Bouali livrent une course effrénée contre la montre. Les temps creux sont annulés. «On mange sur le pouce car des heures supplémentaires nous attendent de 12h30 à 13h30. D'autres à la fin de la journée. Notre volume horaire est supérieur à 9 heures par jour!» se désolent ces filles, harassées. «Nous voulons comprendre le contenu du programme, pas le terminer sans rien retenir», ont-elles déclaré, à l'unisson. Des mots et des...maux. «Nous sommes condamnées à prendre des substances antiasthéniques pour supporter cette charge», ont-elles ajouté. Des responsables tentent, poliment, de les convaincre de rejoindre leurs classes. En vain. Elles veulent tout dire de leur calvaire. Le mois de révision accordé aux lycéens des classes terminales est compromis. «C'est aberrant! Notre succès cette année relève du miracle», s'accordent à dire ces lycéennes préférant rester devant leur établissement. En solidarité avec des élèves des différents établissements, d'autres ont marché jusqu'au ministère de l'Education nationale au Ruisseau. Ce n'est pas tout. Des graves erreurs ont été relevées dans des livres de mathématiques et de physique, notamment. Ces lycéennes réputées de brillantes élèves ont échoué durant le premier trimestre. «70% d'entre elles n'ont pas obtenu la moyenne». Une conséquence des réformes aléatoires du système éducatif.