«Si l'Etat veut baisser les prix, il doit prendre des mesures comme c'était le cas avec la crise de la pomme de terre.» Le scénario se répète. Le gouvernement ne va pas sortir la tête de l'eau. Après la pomme de terre, la semoule et le lait, c'est au tour de l'huile d'enflammer le marché. Le prix du bidon de cinq litres avoisine les 1000DA. Cette flambée vertigineuse vient embarrasser et le consommateur et le gouvernement. Ce dernier est interpellé, encore une fois, pour faire face à cette situation. Le département du commerce dit n'y être pour rien: «Nous ne pouvons rien faire, c'est l'économie de marché», a affirmé hier à L'Expression, un responsable du ministère du Commerce. En termes plus clairs: que les prix augmentent ou baissent, la question dépasse le département de Djaâboub. Pour ce ministère, les choses ne pas aussi compliquées. «C'est la faute au marché international, dit-on, et non pas au ministère». Or, le contrôle et la régulation des prix sont l'une des principales missions de ce département. L'ouverture à l'économie de marché semble dédouaner le ministère de toutes ses tâches. «Les prix sont libres et obéissent à la règle de l'offre et de la demande», ressasse M.Djaâboub, à chaque fois que les prix augmentent. Ce dernier semble laisser les spéculateurs faire leur loi. Alors qu'il avait assuré, il y a quelque temps, que les prix resteront stables et que les produits de première nécessité ne connaîtront pas de perturbation. Voilà que l'huile, produit indispensable dans la confection de tous les plats, s'envole à son tour. Face à cette situation, le département du commerce opte pour la voie la plus simple, renvoyer la balle aux autorités concernées. «Le département a fait son travail», a ajouté le représentant du ministère. Une étude sur la subvention des prix de l'huile et des légumes secs a été élaborée. «Cette étude porte sur la possibilité de l'établissement d'un prix plafond de l'huile à hauteur de 450DA les 5 litres et celui des légumes secs à 100DA le kilo», avait affirmé El Hachemi Djaâboub, lors de son passage au Sénat. L'enveloppe affectée à cet effet s'élève à 13 milliards de dinars. Ce projet, souligne notre interlocuteur, est actuellement au niveau du gouvernement. Ainsi, le ministère du Commerce considère que sa mission est terminée et c'est au gouvernement d'agir. «Si l'Etat veut baisser les prix, il doit prendre les mêmes mesures que celles de la pomme de terre», suggère-t-il. S'exprimant sur les raisons d'une telle flambée, notre interlocuteur remet en cause la politique d'investissement. «Si l'Etat avait permis aux opérateurs d'investir on ne serait pas à ce stade aujourd'hui», a-t- il précisé. Le département du commerce agit comme s'il ne faisait pas partie du gouvernement. Pour lui, la solution est simple: le gouvernement n'a qu'à choisir entre la baisse de la TVA ou la subvention des produits. Il semblerait que la subvention soit devenue la recette magique pour les membres de l'Exécutif. D'ailleurs, M.Djaâboub avait même clamé haut et fort que la subvention n'est pas en contradiction avec les accords de l'UE et la future adhésion à l'OMC. «Même les pays européens recourent à la subvention», avait-il souligné devant les sénateurs. Cela dit, le gouvernement est encore appelé à jouer le rôle de pompier. Fort heureusement, le pays jouit d'une aisance financière, ce qui permet à l'Etat de subvenir et réduire ainsi la charge du couffin. Afin d'éviter toute tension, le gouvernement n'aura d'autre choix que d'opter pour la subvention. Il y a lieu de rappeler que le coût global des mesures de subventions prises jusqu'à présent et de celles prévues dans un proche avenir, s'élève à 2,5 milliards de dollars par an, soit 180 milliards de dinars. Les observateurs se demandent, en effet, si la politique de subvention ne connaîtra pas le même sort que celle appliquée à la sempiternelle crise du lait. A ce rythme, le gouvernement n'en finira pas de mettre la main à la poche.