C'est à un véritable réquisitoire contre le pouvoir qu'a eu droit la nombreuse foule. En sillonnant la Kabylie où il a tenu deux importants meetings populaires, le premier secrétaire du FFS, M.Djeddaï, a développé un discours axé sur la démarche de son parti par rapport au prochain scrutin. C'est à un véritable réquisitoire contre le pouvoir qu'a eu droit la nombreuse foule venue l'écouter au cours de ces deux sorties publiques à Tizi Ouzou et à Béjaïa. Jeudi, M.Djeddaï était à la tête d'une importante délégation composée de responsables et d'élus nationaux et locaux du parti, qui s'est rendue à Beni Douala pour un recueillement et le dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes de Guermah Massinissa, Matoub Lounès et d'un militant du FFS. L'après-midi, aux côtés d'autres responsables du parti, il a animé un meeting au stade Oukil-Ramdane. Devant une foule impressionnante, M.Abib Nacer, responsable de la Fédération de Tizi Ouzou, a brossé un tableau de la situation qui prévaut dans la wilaya et qu'il a qualifiée d'«assez dangereuse». De son côté, M.Ali Belkhir, président de l'APW, s'est révélé être un tribun en axant son intervention sur le rôle de l'APW et son bras de fer avec Zerhouni. Il a, par ailleurs, évoqué la lettre adressée aux autres APW du pays à laquelle il a eu quelques réponses téléphoniques non convaincantes. Lui succédant, le premier secrétaire du FFS a passé le pouvoir «à la moulinette» et a évoqué les arrestations partout dans le pays en rejetant le scrutin partiel. «Nous ferons comme les lycéens qui ont exigé l'année dernière une session nationale du bac», lancera-t-il à la foule avant d'évoquer la tentative d'assassinat dont il a fait récemment l'objet. A ce sujet, il déclare: «En cas d'assassinat, je renforcerai les rangs des martyrs.» C'est à partir de là qu'il passera en revue les assassinats politiques qui ont jonché le pays. Il a réitéré sa demande d'une commission d'enquête internationale. Pour le premier responsable du FFS, la sortie de crise ne peut se faire sans le rejet des élections, l'ouverture du dialogue et la tenue d'une constituante. Il a récidivé, hier, à Béjaïa au stade Ben-Allouache devant une foule moins nombreuse. Comme à Tizi Ouzou, il n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le pouvoir qu'il qualifie de «faible politiquement», car «il n'a ni idéologie et encore moins de soutien populaire». Avant de se montrer farouchement opposé à la tenue du prochain scrutin. Il clame devant une foule de plus en plus enthousiaste et acquise aux idées du FFS. «Nous allons tout faire pour empêcher le pouvoir d'organiser ces élections». Tout en insistant sur le caractère pacifique des actions à mener pour faire avorter le scrutin du 30 mai, il lancera un appel aux syndicats pour inviter les travailleurs à boycotter les législatives. Comme il proposera l'observation d'une grève le jour du scrutin ainsi qu'une semaine de protestation. Abordant l'éventualité du report, M.Djeddaï dira: «Le report, à lui seul, ne suffit pas, il faut ouvrir un dialogue de sortie de crise.» La révision constitutionnelle qu'il a qualifiée de «mascarade» n'échappera pas à la critique de l'orateur. Au cours de ce meeting qui entre dans le cadre de la dissidence nationale, électorale, pacifique et démocratique, M.Djeddaï s'attardera longuement sur les événements en Kabylie. Il dira en rendant hommage aux jeunes: «Ils sont en train de faire une deuxième révolution.» Il exigera «la libération de tous les détenus sur le territoire national», en insistant sur «l'arrestation et le jugement des commanditaires des assassinats». Pour Djeddaï, «le pouvoir se nourrit de la violence et développe un discours irresponsable», il refusera à ce sujet de verser dans ce qu'il appelle «la stratégie du pouvoir» en lançant: «Nous ne prendrons pas les armes, nous continuerons pacifiquement.»