Le ministre des Affaires étrangères sahraoui a annoncé la composition de la délégation qui prendra part aux négociations. Une participation de bonne foi, réticence marocaine et menace de reprendre la voie armée. C'est une véritable veillée d'armes, une semaine seulement avant l'entame des négociations, à New York, entre le Maroc et le Front Polisario. L'heure des préparatifs a sonné. Hier, lors d'un point de presse tenu à Alger, Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires étrangères de la Rasd, a annoncé la composition de la délégation sahraouie qui prendra part aux négociations. Le groupe sahraoui qui sera dirigé par Mahfoud Ali Beiba, le président du Parlement sahraoui, est composé du délégué diplomatique de la République sahraouie à New York, Ahmed Boukhari, le représentant de la Rasd en Espagne, Brahim Ghali et le ministre chargé des relations avec la Minurso, Mohamed Khedad. Un premier constat: «Nous n'avons relevé aucun indice de bonne volonté de la part de la partie marocaine», fera savoir le responsable sahraoui. Les représentants du Front Polisario iront, néanmoins, aux négociations «avec bonne foi et armés de toutes les prérogatives». «Nous irons à ces négociations animés de bonne foi, et sans conditions préalables», a précisé Mohamed Salem Ould Salek, qui s'exprimait au nom de la République sahraouie arabe et démocratique. Autrement dit, les quatre responsables sahraouis sont mandatés pour signer tous les accords qui vont dans le sens de la consécration du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Aujourd'hui, Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, devra réunir un élément de chaque délégation en vue de définir les axes des négociations. Quoi qu'il en soit, même si la feuille de route des négociations n'a pas été encore établie, l'axe central ne sera autre que le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination. C'est le test de vérité, et pour le Maroc et pour les pays membres du Conseil de sécurité, estime Mohamed Salem Ould Salek. Car, si les négociations sont conduites vers un éventuel échec, «la responsabilité incombera exclusivement au Maroc et au Conseil de sécurité de l'ONU». Dans la foulée, le chef de la diplomatie de la Rasd a renchéri pour avertir le Maroc quant à un éventuel échec des conciliabules. «Le Maroc a grand intérêt à voir la sécurité maintenue dans la région du Maghreb.» Le ministre des Afaires étrangères sahraoui fait allusion aux risques d'un remake des précédentes négociations de 1998. Cette fois-ci, les Sahraouis n'excluent pas le recours aux armes, puisque «le Maroc continue dans la voie de l'intransigeance et le fait accompli». Inutile de tenter de vendre derechef l'idée «d'autonomie» qui constitue, d'après le conférencier, une «confiscation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», mais surtout une «violation pure et simple des résolutions onusiennes». C'est la phase de tous les enjeux. Ces négociations, prévues, tout d'abord, pour les deux journées du 18 et 19 du mois en cours près de New York, viennent mettre en oeuvre la dernière résolution du Conseil de sécurité, la 1754, votée le 30 avril dernier, qui recommande l'ouverture de négociations directes et sans préalable entre les deux parties au conflit, à savoir le Front Polisario et le Maroc.