Cheikh El Hasnaoui est considéré comme une figure de proue dans son genre musical et tout aussi un symbole de l'Algérie réconciliée avec ses identités. L'établissement Arts et Culture, l'un des organismes culturels les plus actifs au niveau de la wilaya d'Alger, rendra un vibrant hommage à Cheikh El Hasnaoui, le chanteur le plus adulé de son temps. Il continue à l'être même après sa disparition, par ses admirateurs et des jeunes talents à l'avenir prometteur. Pour cette occasion, un ensemble d'artistes, en l'occurrence Rachid Zedek, Hakim Tidaf et Karim Becha présenteront, cet après-midi à 15h00, un récital varié à l'auditorium du Théâtre de verdure, et qui entre dans la grille du programme tracé par cet établissement. De son vrai nom, Mohamed Khelouat, plus connu sous son nom de scène Cheikh El Hasnaoui par référence à sa région natale (Ihasnaouène) où il est né en 1910, au village de Tadart Tamuqrant, situé au sud de la ville de Tizi Ouzou. Cheikh El Hasnaoui est considéré comme une figure de proue dans son genre musical et tout aussi un symbole de l'Algérie réconciliée avec ses identités. En effet, le chanteur alterne dans ses compositions, l'arabe dialectal et le tamazight. Cheikh El Hasnaoui, souvent associé à un titre majeur intitulé La Maison Blanche, s'illustre dès les années 1930 en créant son style reconnaissable à sa cascade de voix grave, aux sonorités lancinantes du banjo et à ses textes qui évoquent la douleur sentimentale. Pour preuve, son coeur battra toujours pour ses premiers amours Fadhma. Avant tout, il était un auteur à textes, un poète doué de ce talent déluré de grand guitariste. Et puis, il se distinguait avec cette voix caractéristique, éraillée et profonde, d'un écorché vif. Il s'exile en France en 1937, mais surtout pour pouvoir enregistrer et produire des microsillons. Le thème de l'exil est souvent traité dans ses compositions, il constituera, par ailleurs, une grande partie de son oeuvre. C'est dans le Paris des années 30, lorsque s'implantent les rythmes clavés afro-cubains qu'il se laisse séduire par ces musiques d'Amérique latine en utilisant certains rythmes dans ses propres compositions. Après l'Indépendance de son pays, il se produit dans les milieux de l'émigration, aux côtés de jeunes vedettes de l'époque, dont Akli Yahyatène. En 1970, il décide brusquement d'interrompre sa carrière, jugeant sans doute impossible de continuer à se produire dans les cafés où les ouvriers qui assistaient aux concerts s'adonnaient de plus en plus aux boissons alcoolisées. Il avait alors 60 ans. Hadj El Anka, El Hadj Mrizek, Kaddour Cherchali qui l'a toujours accompagné au banjo et Mohamed Temmam, le célèbre miniaturiste et violoniste, ont été ses artistes les plus appréciés. Loin des siens, Cheikh El Hasnaoui est décédé en 2002 dans l'Ile de la Réunion. Les jeunes qui ne l'ont pas connu en activité l'estiment et apprécient ses chansons. Pour mieux le faire connaître, il a paru intéressant de reproduire et de protéger ses oeuvres dont plusieurs, aujourd'hui, n'ont, peut-être, qu'un intérêt rétrospectif mais révélant l'inconscience et le manque de professionnalisme de quelques pseudo-artistes.