Le report au 9 avril de la désignation du secrétaire général adjoint et de la direction nationale a soulevé un tollé parmi les congressistes. Comme il fallait s'y attendre, et c'est donc sans surprise, que Abdelmadjid Sidi Saïd s'est succédé à lui-même. «Nous avons comme unique préoccupation majeure, la défense des intérêts des travailleurs et celui de notre patrie l'Algérie», a déclaré solennellement le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens fraîchement reconduit et tout auréolé du consensus qui s'est fait autour de son nom. Ce XIe congrès de l'Ugta que Sidi Saïd a qualifié d'«historique» a failli, en effet, être bouleversé par quelques «ratés». En effet, tout avait commencé au second jour de travaux du congrès. Des bruits, puis des rumeurs ont couru sur le retrait de la délégation de la wilaya de Béjaïa de cet événement qui devait marquer une des étapes importantes de l'histoire de la Centrale syndicale. Les «protestataires se seraient plaints du manque de "démocratie" qui aurait dû être porté au coeur des débats. Ces derniers se sont apparemment largement étalés sur cette question qui a fait les choux gras de certains quotidiens et organe de presse». A cette occasion, M.Djebbar Brahim désigné pour présider le XIe congrès a formellement démenti cette information. «C'est un mensonge colporté par certains journaux», a-t-il répondu à une question posée par un confrère à ce sujet lors de l'émission Fi El Ouadjiha de la Radio nationale Chaîne1, retransmise en direct depuis l'hôtel El Aurassi. «Il y aura d'ailleurs un démenti de la part de la délégation de Béjaïa. Nos camarades n'ont pas quitté le congrès. Ils sont toujours là et ils vont le démontrer», a ajouté le membre de la commission nationale exécutive, représentant de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Chose promise chose due. Un communiqué a été lu par le représentant de la délégation béjaouie, au nom de tous ses camarades démentant toute les rumeurs ayant circulé sur le retrait des travaux du congrès. Ce fût accueilli par un tonnerre d'applaudissements. Il fût ensuite procédé à la présentation de la nouvelle composante de la Commission nationale exécutive. En son sein figurent désormais 16 femmes, 15 syndicalistes plus la présidente de la commission féminine. Le reste est formé de 48 secrétaires généraux de wilayas, des 30 secrétaires généraux de fédérations, du secrétaire général de la fédération des retraités et du représentant de la future commission des jeunes. Salah Djenouhat pour la wilaya du centre et Abdelmajdid Sidi Saïd pour celle de Tizi Ouzou font partie eux aussi de cette CNE. Amar Saâdani l'ex-président de l'Assemblée nationale populaire a été élu dans la wilaya d'El Oued. Les travaux du congrès qui continuaient de poursuivre leur petit bonhomme de chemin a failli finir en queue de poisson lorsque fût annoncé le report de la désignation du secrétaire général adjoint ainsi que celui de la composante de la direction nationale. Dans un tollé et un brouhaha indescriptible, de nombreux congressistes ont exigé que l'élection soit faite le jour même. «Djenouhat, Djenouhat» ont-ils scandé. Le secrétaire national à l'organique a rejoint la tribune pour calmer les ardeurs de ses supporters. Il a dû même faire usage du chantage. «Si vous ne rejoignez pas vos places, je quitte la salle et je ne reviendrais plus.» Puis, dans un élan qui en dit long sur sa lucidité, il a lancé: «L'intérêt de l'Algérie passe avant tout.» La date du 9 avril a été retenue pour l'élection des membres du secrétariat national et celui, plus ardu, du secrétaire général de la Centrale syndicale. Les congressistes prendront leur mal en patience.