Les changements climatiques et la modération dans l'utilisation de l'énergie au menu de ce rendez-vous annuel. L'Ecole nationale polytechnique a organisé, hier, la 12e journée de l'énergie à l'hôtel du Mas des planteurs à Alger (Staouéli) sous le thème «Les changements climatiques: comment y faire face?». L'organisateur de la rencontre, le professeur Chems Eddine Chitour, a dressé un triste constat, invitant tous les départements ministériels à affronter les défis climatiques qui s'opèrent dans le monde et en particulier en Algérie. «Tout un chacun, souligne-t-il, doit s'imprégner de cette culture de la société énergétique». Le but de cette rencontre annuelle, qui coïncide avec Youm El Ilm, est de sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité de définir un «cap énergétique». La consommation de différentes énergies, la densité du parc roulant, l'équipement des bâtiments d'habitation...A ce propos, dira-t-il, le prochain recensement doit pouvoir apporter «un plus» en termes de données. Il a recommandé que soient élaborés des modules énergétiques «flexibles» à différents horizons. On ne peut continuer, a-t-il dit, à produire du pétrole et du gaz et procéder à sa commercialisation de façon débridée. Le sort des autres défis en est étroitement lié, entre autres, celui de l'eau, de la sécheresse et des changements climatiques. Les 80 milliards de dollars engrangés par les exportations en hydrocarbures auraient dû être gardés dans notre sous-sol. Nous devrions les utiliser modérément et en fonction de nos stricts besoins. Nous consommons actuellement 20 milliards de dollars sur les 50 milliards engrangés par la commercialisation des hydrocarbures et qui s'effritent dans les coffres des banques, a indiqué le Pr Chitour. Il précisera qu'à cette cadence, les 150 milliards de mètres cubes produits annuellement sur un gisement de 4000 milliards/m3, ne tiendra pas plus de 25 ans. Il avertira, en outre, qu'«il n'y aura plus de nouveau Hassi R'mel dont les réserves sont évaluées à 2500 milliards de mètres cubes.» Les grandes puissances utilisent leur énergie pour avancer. Nous, par contre, on s'est installés dans les temps morts. Nous ne faisons que la consommer. Il rappellera que notre coffre-fort est dans le sous-sol et non dans les banques. Le développement, c'est laisser des richesses aux générations futures. Miser à fond sur les énergies renouvelables: la géothermie, l'énergie solaire, l'éolien sont les objectifs à atteindre. On pourrait faire des économies d'énergie: les 20.000 points lumineux de la région d'Alger, s'ils étaient éteints le jour, nous économiserions 1 million de dollars/an avait-t-il déjà souligné à L'Expression lors de la 11e journée de l'énergie. Il a déploré l'absence de lampadaires alimentés par l'énergie solaire sur les 1200km de l'autoroute Est-Ouest comme il a cité l'absence de chauffe-eau à l'énergie solaire dans le million de logements à venir, alors qu'en Tunisie, quelque 100.000 logements sont équipés de chauffe-eau fonctionnant avec cette énergie renouvelable. La vraie source d'énergie et de richesse est la jeunesse. Il faut la former, a conclu le professeur Chems Eddine Chitour.Cette journée a été rehaussée par la présence du ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, du ministre délégué à la Réforme économique, Abdelkader Khelil, du secrétaire général du ministère de l'Energie et des Mines, Abbès Fayçal, des présidents-directeurs généraux de Naftal, Saïd Akretche et celui de l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Apru), Mohand Salah Bouzriba ainsi que plusieurs conseillers de ministères concernés.