Le marasme que vit l'association El-Amel de Bir Mourad Raïs, regroupant 38 familles évacuées des bidonvilles de Sidi Yahia en mai 1996, continue. Au moment où ces familles attendaient que les autorités réagissent pour mettre fin à leurs tourments, elles étaient surprises de voir, mercredi soir, un énorme renfort de police venu les évacuer de force du seuil de la daïra de Bir Mourad Raïs, où elles ont l'habitude d'organiser leur sit-in, depuis le 8 juillet dernier. Ainsi, plus de 18 voitures de police ont envahi le siège de la daïra et ce, suite à un ordre du nouveau wali délégué, installé le même jour. Selon des membres d'El-Amel, «un drame allait se dérouler n'était l'intervention d'un député du FFS, M.Djeddaï, et de maître Khelili, chargé de l'affaire». Des policiers ont alors ramassé tous les bagages des familles dans des camions de l'APC, destinés au ramassage des ordures. Un geste qualifié par ces citoyens d'humiliant et de méprisant. Cette «incursion» inattendue des forces de l'ordre a occasionné un véritable traumatisme au sein de ces familles. Des femmes et des enfants ont été, par la suite, évacués vers l'hôpital. Parmi ces derniers, une femme a fait une fausse couche. Refusant d'«abdiquer» devant les ordres du wali délégué, ces familles n'ont quitté les lieux que le lendemain matin, mais tout en promettant d'y revenir, si leurs revendications n'étaient pas prises en charge. «Nous suspendrons seulement notre sit-in, mais nous ne l'arrêterons que lorsque nos réclamations auront abouti», a déclaré le vice-président d'El-Amel. Une rencontre a eu lieu dans la même soirée entre des membres de l'association, le nouveau wali délégué, le commissaire divisionnaire de Saïd-Hamdine et le vice-président de l'APW, chargé des oeuvres sociales. A cette occasion, le wali délégué a critiqué la façon dont ces familles se sont comportées, notamment en recourant à la grève de la faim, le 29 juillet dernier. A cet effet, il dira: «Même si j'avais des solutions à vous proposer, je m'abstiendrais et ce, pour ne pas encourager d'autres personnes à agir de même.» Par ailleurs, il propose d'installer une cellule de crise permettant d'étudier les dossiers de ces familles, au cas par cas. Les expulsés de Sidi Yahia y voient une échappatoire, visant seulement à les faire taire. Cependant, ce qui semble inquiéter le plus ces familles, c'est le fait que la daïra de Bir Mourad Raïs n'étudiera que les dossiers des familles habitant toujours cette localité. Pour celles qui ont quitté Bir Mourad Raïs pour se réfugier chez des proches ou des amis, leurs dossiers seront confiés aux nouvelles circonscriptions les abritant.