Nos morts reposent-ils en paix? La question n'est pas saugrenue à voir l'état de délabrement dans lequel se trouve le cimetière d'El Alia, dans la banlieue est d'Alger. Outre l'absence d'indications renseignant sur l'emplacement des carrés, le non-agencement des tombes et le piteux état des voies d'accès, le cimetière offre un visage des plus désolants. Les mauvaises herbes qui ont gagné en longueur au cours des mois, donnent à ce lieu de recueillement par excellence l'allure d'une savane propice plutôt à un safari en règle. A telle enseigne que les sépultures sont devenues invisibles, voire inaccessibles, faute d'entretien. C'est dire le cynisme qu'affichent les responsables en charge d'un des plus grands et prestigieux lieux de recueillement du pays où des personnalités ayant fait la fierté de ce pays sont enterrées. Une manière, comme dirait l'autre, de «priver» les morts de visites. A l'affût, des adolescents mettent à profit cette aubaine pour proposer, bêches en évidence, leurs «services» pour défricher les tombes, moyennant «bakchich». Des visiteurs plutôt désabusés cèdent souvent en se laissant arnaquer par ces «oiseaux de mauvais augure». C'est que le recueillement sur l'être cher n'a pas de «prix». Interrogé, un responsable des services des pompes funèbres, de permanence un vendredi au niveau de ce cimetière, n'a pas trouvé mieux que de s'en prendre aux citoyens crédules: «Nous avons beau chasser ces vautours, ils reviennent à la charge. Les respnsables de cette situation ce sont surtout ceux qui louent leur labeur», a-t-il soutenu. Se voulant rassurant, il nous fait savoir qu'un programme a été tracé début mai et prendra fin septembre prochain. L'opération est déjà en branle et a concerné jusque-là, une dizaine de carrés. Elle devra concerner les 80 hectares sur lesquels s'étend le cimetière. Entre-temps, des citoyens continuent à se faire vider les poches par des bambins que la bêtise humaine a propulsés au-devant de la scène.